Effondrement ou transition ?

Les crises s’empilent : #dette, #réchauffement, #Covid, #Ukraine, #inflation et maintenant hausse des taux. Les signes noirs se multiplient. Sommes-nous à l’aube d’un #effondrement ou simplement dans une transition, d’une société à une autre ?

Commençons par le plus évident : personne ne peut savoir avec certitude. Je sais que certains sont persuadés de savoir. Tant mieux pour eux. Cet article ne les concerne pas, puisqu’ils savent déjà.

Je vais vous proposer mon hypothèse principale, que je pondère à 60-70% : la transition.

Je précise aussi d’entrée de jeu que j’estime que nous avons un biais en Europe : nous sommes en déclin, et en déclin sévère même. Donc ce qui pourrait être une transition pour la planète, pourrait être un effondrement pour nous. Je parle de la planète. La question du bloc atlantiste, de l’Europe et de la France est une question différente bien que liée.

Pour départager cette question, il va nous falloir examiner les dynamiques fondamentales à l’œuvre. À ma connaissance, il n’y a véritablement que deux théories qui s’affrontent. Soit, nous sommes face au “pic pétrolier”, c’est-à-dire aux pénuries de ressources et les crises ne sont que le symptôme de surface des difficultés croissantes à extraire le pétrole, le gaz, métaux et autres matières premières, auquel cas, nous sommes sur une pente glissante avec peu d’espoir de changement de cap. Soit la société est en train de “muter”.

La théorie du pic pétrolier, ou du pic tout, est très séduisante : nous avons une explication simple, plausible et qui explique à peu près tout. Qui plus est, elle est assez populaire de nos jours, du moins en France. Mais elle souffre de grosses lacunes.

• Les USA ont relancé la production de pétrole à domicile de manière spectaculaire
• Avant les crises, le nombre de barils produits était en augmentation constante. La baisse est intervenue après la Covid, et il est clairement trop tôt pour parler de “pic”, il faudrait au moins 10 ans de recul.
• La théorie du pic pétrolier est basée sur le concept d’EROEI (taux de retour énergétique : en gros combien il faut dépenser de baril de pétrole pour en obtenir d’autres). Ce concept à de grosses lacunes, en dehors du fait qu’il est notoirement très difficile à calculer.
  • Ce qui compte ce n’est pas tellement l’EROEI mais l’EROEI relatif des énergies par rapport aux autres.
  • Ce qui compte, c’est la scalabilité. Peu importe si un baril nous en rapporte 100 si on ne peut l’appliquer que sur 5 barils pour en récupérer 500. À l’inverse, si l’EROEI est de 10, mais qu’on peut l’appliquer sur 500 barils de départ, on en récupère 5000 à la fin.
• Quand la consommation d’un pays en pétrole diminue, c’est souvent lié au changement de sa structure démographique (c’est-à-dire : les vieux consomment moins d’essence) et non pas à un problème de production.
• Une simple baisse de taux des banques centrales a suffi à relancer la production de pétrole mondiale.
• Rien ne permet d’affirmer que l’EROEI est systématiquement décroissant. En fait, nous avons de nombreux cas où il augmente (grâce à l’innovation).

A minima, le principal argument de l’effondrement est très discutable et nous disposons d’explications alternatives. Il ne semble pas du tout certain que les crises actuelles soient les prémices d’un effondrement (pas plus que les deux guerres mondiales ne l’ont été), du moins à court terme. À long terme par contre, en raison du réchauffement, il y a une possibilité majeure d’effondrement (autour du prochain siècle, pour donner une idée de l’horizon temporel).

Il paraît donc plus probable que nous soyons face à une mutation de société. Les intelligences artificielles, la dénatalité, les progrès de la médecine, la finance globalisée, les réseaux sociaux, le newspace, la médecine régénérative, l’impression 3D, et j’en passe sont probablement en train de modifier radicalement la manière dont nous vivons. Les pays émergents ont émergé, ils veulent être traités en tant que tel.