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Abrégé de fondation morale

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Sujet ultra-ambitieux, mais peu importe. Le digitocène, cette ère post-humaniste qui a débuté et dans laquelle nous sommes bien engagés (que ça nous plaise ou non), rejette les principes humanistes, notamment l’anthropocentrisme, mais ne dispose pas (encore) d’une morale propre (ni d’une spiritualité établie d’ailleurs).

Bien entendu, certains philosophes ont déjà commencé à se pencher sur le sujet. Cependant, la tâche est immense. Je travaille sur quelques pistes prometteuses, mais en attendant, dans cet article, je vais lister succinctement les idées morales cardinales qui ont fait leurs preuves ou qui sont discutées actuellement. Le fait que je les cite ne veut pas dire que vous devez adhérer, la morale ne fonctionne pas ainsi. D’ailleurs, si vous êtes humaniste, certaines lignes vont vous faire hurler à la mort. La morale, c’est difficile.

Comprenez bien les enjeux. D’une métaphysique découle une morale dont découlent des lois dont découlent des systèmes politiques et économiques. Le fait de transitionner d’une métaphysique monothéiste à humaniste à tout changé, et de même le passage au post-humanisme change tout à nouveau. Sauf que le post-humaniste est encore à construire et que nous pouvons y participer.

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Le yoga est une philosophie singulière dont la morale est strictement personnelle (on se l’impose à soi-même uniquement) parce que le but est le silence mental. En un sens, en tout cas pour moi, c’est la morale ultime, mais d’un autre point de vue, c’est totalement inadapté à notre époque.

Les auteurs que je cite ont écrit des traités entiers sur la morale. Bien souvent, l’histoire ne retient qu’une idée centrale et c’est sur ces dernières que je me focalise. Si vous êtes nouveaux sur le sujet, ce post ne vous servira à rien, et je vous invite à vous familiariser avec quelques dilemmes moraux pour comprendre la nature des questions qui se posent, surtout si vous pensez qu’il existe “une seule” morale. D’un point de vue thermodynamique et évolutif, la morale est le fondement de la vie en groupe. C’est un équilibre dynamique, une tension permanente : “les individus égoïstes réussissent mieux au sein d’un groupe, les groupes altruistes réussissent mieux que les autres groupes” (David Sloan Wilson). C’est une question d’intelligence collective.

  • Le principe libertarien de responsabilité morale : quelqu’un est responsable de ses actes s’il pouvait choisir de faire autrement. (Principe métaphysique, voir l’objection des cas de Frankfurt)
  • « La théorie des fondements moraux » de Jonathan Haidt : qui inclut cinq vertus présentes dans toutes les cultures. Aux deux vertus classiques de justice et de soin d’autrui sont ajoutées les vertus, réputées conservatrices, de loyauté au groupe, d’obéissance à l’autorité et de pureté morale. Les valeurs de loyauté au groupe et d’obéissance à l’autorité ont en commun d’améliorer les liens entre les groupes sociaux. C’est une approche anthropologique.
  • La réciprocité, Tit for Tat. La règle d’or : ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qu’on te fasse
  • L’impératif catégorique kantien : agir « de telle sorte que tu puisses également vouloir que ta maxime devienne une loi universelle ».
  • Le voile de l’ignorance de Rawls : le législateur doit prendre ses décisions sous un « voile d’ignorance ». Autrement dit, le législateur doit occulter sa propre position dans la société et prendre ses décisions comme s’il pouvait, un jour, occuper une autre position sociale.
  • L’heuristique de la peur de Hans Jonas : l’éducation par la catastrophe & éthique de la responsabilité. Un avenir terrifiant suffit-il à imposer à l’agir de l’homme une autocorrection éthique pouvant permettre à l’humanité présente et future de se protéger contre le risque de l’apocalypse ?
  • La moraline de Nietzsche : à la morale chrétienne, la morale dominante et bien-pensante, le suffixe -ine est accolé à « morale » pour suggérer une substance pharmaceutique désignant un produit imaginaire permettant de donner une bonne moralité.
  • Guillotine de Hume : La loi de Hume, aussi appelée guillotine de Hume, est une proposition méta-éthique qui interdit l’inférence d’un « être » (is) à un « devoir-être » (ought). Ou comme le formule Raymond Boudon « aucun raisonnement à l’indicatif ne peut engendrer une conclusion à l’impératif ». Aussi appelé sophisme naturaliste.
  • Altruisme efficace : il s’agit d’identifier les moyens d’agir qui ont le plus d’impact positif et de les mettre en pratique, en se basant sur une approche rationnelle et des données empiriques.
  • Les risques existentiels de Nick Bostrom : depuis l’invention de la bombe atomique, une nouvelle catégorie de risques a été inaugurée : elle représente un risque d’étendue mondiale et d’intensité fatale, mais à la différence d’une éventuelle chute de météorite, ces nouveaux risques sont d’une probabilité bien plus élevée.
  • Le long-termisme de McAskill : Le philosophe Fin Moorhouse résume les trois arguments principaux en faveur du long-termisme comme suit : 1. « la vie des gens importe quel que soit le moment où elle se situe dans le futur » ; 2. il se pourrait bien qu’il y ait plus de gens en vie dans le futur qu’il n’y en a aujourd’hui ou qu’il y en a eu dans le passé ; et 3. « nous pouvons agir pour affecter de façon significative et prévisible l’avenir à long terme ».
  • Le personnisme de Peter Singer : Singer affirme que les fœtus et même les nouveau-nés ne sont pas encore des personnes et ne jouissent donc pas des mêmes droits qu’un adulte ou toute autre personne. Ainsi, le droit à la vie ne s’applique pas aux fœtus selon l’utilitarisme des préférences de Singer.
  • Les indicateurs d’humanité de Joseph Fletcher : « la conscience et le contrôle de soi, le sens du futur et du passé, la capacité d’entrer en relation avec les autres, de se préoccuper des autres, la communication et la curiosité ».
  • La personne selon John Locke : une personne est « un être intelligent pensant, qui a raison et réflexion, et qui peut se considérer soi-même comme soi-même, la même chose pensante en des temps et des lieux différents ». 
  • Yama et Niyama du Yoga : observances et abstinences en vue de la réalisation du soi, la fin des automatismes mentaux.
  • Les animaux sont doués de morale.
  • L’appel à la nature :
    • Ce qui est naturel est ce vers quoi nous tendons inévitablement
    • Le sophisme naturaliste : ce n’est pas parce que quelque chose “est” qu’il “doit être”.
    • L’appel inverse à la nature : ce qui est bon doit être naturel (quitte à modifier la nature)
  • L’impératif hédoniste de David Pearce

PS : si vous voulez faire un petit test de morale en ligne.

PPS : n’hésitez pas consulter cette page de temps à autre, je compte la compléter au fur et à mesure de mes recherches.

PPPS : je compte faire aussi bientôt un petit abrégé de philo sur la question du rapport à la technique. Il y a des choses très intéressantes à dire.

Vous avez une analyse différente ? Dite le, en commentaire.

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