La sociospiritualité c’est la spiritualité adaptée aux particularités de son époque, puisque c’est en son sein que nous vivons. C’est un concept original qui ne semble pas avoir de précédent alors même qu’il pourrait paraître évident à certains.
La spiritualité, c’est-à-dire les pratiques d’auto-transcendance, est généralement perçue et décrite comme un processus purement individuel, qui n’aurait aucun rapport avec le monde qui nous entoure. Pour caricaturer, vous faites un rituel shamanique dans un tipi qui est censé vous apporter une forme de sagesse via un état de conscience modifié et cela peut fonctionner indépendamment du lieu et de l’époque.
Bien sûr, la spiritualité étant fondée sur des universaux anthropologiques (exemple : le vide mental reste le vide mental quelle que soit la culture ou l’époque) c’est en grande partie vrai. Cependant, le pratiquant lui n’est pas un principe désincarné, il vit à une certaine époque. L’humain étant en partie un animal social, il est forcément influencé par la culture, l’histoire, les enjeux et les angoisses de son époque. D’autre part, la spiritualité (du moins la spiritualité incarnée dont nous parlons ici) sert à vivre dans son époque et non pas à viser un au-delà métaphysique.
Quel sont donc les rapports entre la spiritualité expérimentale et la société ?
C’est simple.
Nous pouvons comprendre intuitivement que notre spiritualité, toute chose égale par ailleurs, ne vas pas être la même dans un pays communiste, que dans une tribu d’Amazonie, ou en plein Tokyo moyenâgeux. De plus, la spiritualité ce n’est pas un loisir, c’est un ensemble de pratiques structurées de manière à amener une personne vers plus d’unité intérieure.
Comprendre son époque, savoir la situer comparativement à d’autres époques (ce qui est déjà un exercice spirituel en soi qui consiste à comprendre l’altérité) permet de mieux savoir d’où nous partons et ainsi d’adapter nos pratiques en fonction de cela.
Par exemple, notre époque à des caractéristiques bien précises comparée à d’autres époques : dans les pays développés, nous ne connaissons plus la faim, nos enfants ne meurent plus en bas age, les maladies transmissibles sont pratiquement réduites à néant, nous avons un niveau de vie meilleur que celui d’un roi d’il y a 300 ans, nous avons accès à pratiquement toute l’information et les connaissances du monde en quelques instants.
Mais il y a un revers de la médaille. Nous vivons une méta-crise : crise du sens qui est liée à une crise de la santé mentale, une crise environnementale, une crise démographique et une crise de la globalisation digitale.
Alors même que notre niveau de confort matériel nous permettrait en principe d’atteindre des sommets spirituels, nous sommes finalement plus ou moins soumis à toutes sortes de tentations et d’aliénations dont il n’est pas si simple de sortir.
D’autre part, il est aussi important de comprendre le « chemin spirituel » que la société dans laquelle nous vivons a parcouru. Par exemple, en occident, nous vivons dans un monde post-chrétien. Nos conceptions sont influencées par toute une histoire qui remonte à loin. Il est important d’avoir quelques points de repères à ce sujet. La pratique spirituelle au sein du monde occidental a longtemps été le monopole de l’église qui a laissé une trace bien plus profonde que nous ne le pensons, qui reste dans des concepts qui nous n’interrogeons que rarement. Ce n’est pas l’objet de cet article, nous y reviendrons.
Reconnaître les difficultés inhérentes à sa propre époque permet de mieux comprendre la nécessité d’une démarche spirituelle adaptée.
Quelque part, la spiritualité consiste aussi à corriger les biais de son époque autant que ses biais personnels. Ce qui nous amène à une des difficultés de la démarche spirituelle : nous allons forcément nous retrouver en décalage par rapport à nos contemporains.
La sociospiritualité est trans-disciplinaire et va s’intéresser principalement aux questions suivantes :
- histoire religieuse d’une population, pour comprendre son paradigme spirituel
- comparatif des différents courants spirituels pour situer la sociologie et les pratiques d’un groupe relativement aux autres
- tout ce qui a trait au sens de la vie dans une société : typologie des maladies (y compris civilisationnelles), les mœurs relatives à la mort et la naissance
- la situation géo-économique qui influence les croyances des gens d’un groupe, leurs angoisses et espoir, avec un gros plan particulier sur les innovations technologies qui peuvent impacter les liens des gens envers eux-mêmes, les autres et le reste du monde (la nature)
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