Voici une définition des niveaux de pensée, de la plus « grossière » à la plus « subtile », qu’on utilise tous plus ou moins, en le sachant plus ou moins :
0D, binaire : noir et blanc. Le bien et le mal, tu es terroriste ou tu ne l’es pas, l’immigration, c’est bien ou c’est mal (pas de nuance), l’avortement pour ou contre, etc. Ici, on parle de vrai/faux, de bon/mauvais.
1D, linéaire : niveaux de gris. On va introduire des nuances, mais ça reste une vision mécaniste « si je travaille plus je gagne plus », « moins de ceci = moins de cela », par exemple on peut être pour une certaine dose d’immigration et contre au-delà d’un certain seuil, « un peu », « beaucoup », « très », « trop » riche par exemple. On va parler de : Pourcentage, effet de levier, règle de trois, dérivées, vitesse, pente…
2D, dynamique : Cette fois, on va s’intéresser à la dynamique des phénomènes. Par exemple si l’état monte les impôts ça peut faire monter ses recettes ou bien décourager le travail et faire diminuer ses recettes (courbe de Laffer). Il n’y a plus de relation aussi simple. Les choses vont dépendre du contexte. On va parler de vitesse, dérivée, d’historique, de dynamique, des facteurs d’influence…
3D, systémique : Cette fois-ci on regarde comment les choses interagissent entre elles. Si je prends un médicament, il aura un impact sur tout le corps et pas juste un organe (d’où les effets secondaires) car la réponse est organique et non pas mécanique. Une chose en modifie d’autres qui en modifient d’autres en cascade au sein d’un système (d’où le terme systémique). À ce niveau, on va parler d’homéostasie, de boucle de rétroaction, de seuil de rupture, de chaos, d’effet papillon (une petite cause peut avoir de grandes conséquences)…
4D, holistique : Ici tout est relié. Comme dans un hologramme (le tout est dans la partie et vice versa). On va parler de résonance, synchronicité, loi fondamentale, de champ (qui relie des points entre eux), tous les sujets et les acteurs sont liés dans tous les aspects. Ici, on cherche ce qui unit, par exemple l’entropie ou les lois de l’évolution pour le vivant. C’est une vision quasi-mystique, même si on peut s’en approcher par la « raison » ou la « science » via la physique fondamentale ou la métaphysique. Je dis qu’on s’en approche parce qu’on atteint les limites de ce qu’on peut penser. À un moment, il faut faire un bon dans l’intuition et mettre de côté la raison.
5D, métapensée : c’est la pensée sur la pensée. Quelles sont les limites de la pensée, à quoi sert la pensée ? Pourquoi et comment je pense ? On va parler de biais cognitifs, de trans-rationnalité, d’intuition, d’heuristique, de niveau de conscience. In fine, la pensée sert à choisir pour agir, donc, pour agir, il faut décider Oui ou Non. On reboucle avec la pensée de niveau 0, binaire. De plus, c’est l’action qui nourrit la pensée et qui la valide. Le niveau le plus subtil est aussi le niveau le plus grossier en définitive.
Les « niveaux » de la pensée ne sont de ce fait pas une échelle qu’on gravit, mais un cercle qu’on parcourt, ou… pour être plus précis, une spirale.