La méditation à de nombreux bienfaits. Nous allons aborder la question sous l’angle des sciences-cognitives. Que peuvent-elles nous apprendre d’intéressant sur la méditation, et ses effets de long terme ?
Méditer est l’une des manières d’améliorer nos « fonctions exécutives » qui sont cruciales pour le développement cognitif. Mais qu’est-ce que le développement cognitif au juste ? Le plus simple pour le comprendre, c’est de l’observer chez l’enfant, puisqu’en dernier ressort, c’est le même processus qui se poursuit chez l’adulte.
Voici un exemple simple, concret et classique qui permet d’extrapoler ce qu’est le développement cognitif :
Il existe plusieurs variantes :
À partir d’observations et d’expériences de ce type, Jean Piaget a proposé une théorie du développement cognitif en quatre stades pour les enfants (il s’arrête à 12 ans). D’autres chercheurs ont amélioré sa théorie et proposent des modèles de développement sur la vie entière.
Quel est le rôle des « fonctions exécutives » (FE) dans ce développement ? Pour faire simple, les FEs sont la partie « self contrôle » du cerveau. Dans le cas présent, elles servent de système d’inhibition pour résister à notre intuition première. Notre cerveau essaye de « comprendre » le monde. Pour un enfant, le premier réflexe est de penser qu’un verre rempli plus haut contient plus de liquide, point. C’est en résistant à cette impulsion que nous finissons par apprendre que la taille du verre à aussi son importance.
Une fois adulte, ce mécanisme est intégré et il se produit de manière totalement automatique. Cependant, nous n’avons jamais une représentation parfaite du monde, notre cerveau continue toute notre vie de nous tromper, nous conservons toujours des « réflexes » qu’il nous faut parfois déconditionner / inhiber. Si la sagesse est définie comme la capacité à se désillusionner, alors, par définition, devenir plus sage consiste à poursuivre notre développement cognitif, comme l’exemple de la conservation des volumes le montre.
Du point de vue cognitif, d’après le prix Nobel Daniel Kahneman, pour gérer la complexité du monde, notre cerveau adopte deux stratégies : un système rapide, intuitif, analogique, mais approximatif et un système précis, logique, analytique, mais coûteux. Un 3ème système vient arbitrer s’il faut utiliser l’un ou l’autre (via les émotions, notamment la surprise, mais pas uniquement).
Prenons un exemple : vous conduisez une voiture, la plupart du temps, vous utilisez le monde automatique, instinctif, sauf occasionnellement, pour lire un panneau ou bien réagir à une situation plus complexe, alors vous devenez plus attentif et vous ne réagissez plus avec votre subconscient. Le mécanisme qui gère cette bascule et qui permet de détecter les situations ou l’instinct ne suffit pas, ou il faut prendre la main, ce sont les FEs qui s’en chargent. De plus, ce 3ème système permet de reprogrammer la partie instinctive sous l’égide de la partie logique afin d’améliorer le tout.
Peu connues du grand public, les FEs sont pourtant très étudiées. Par exemple, sur le journal « Frontiers », à date de publication de cet article, il y a plus de 9000 études qui s’y rapportent.
Les FEs jouent un rôle clés dans de nombreux domaines de la vie, comme rester concentré sur une tâche ou même poursuivre un objectif à long terme, etc. Les études montrent qu’elles ont un impact important sur la réussite personnelle générale (études, travail, couple, santé). Les FEs sont le système qui permet de nous adapter. Si elles ne sont pas suffisamment développées, alors nous aurons beaucoup de mal à gérer des situations différentes, car incapable de nous retenir le temps que notre cerveau trouve une meilleure solution. C’est ce que montre le fameux test du Marshmallow :
Contrairement au QI (qui est aussi un prédicteur de succès à long terme) qui est essentiellement héritable et qui ne peut pas vraiment être entraîné, les FEs elles, le peuvent, à tout âge qui plus est. La méditation est une des pratiques réputées pour améliorer les FEs, et donc pour continuer notre développement cognitif tout au long de la vie. L’activité physique aussi. Pour un grand nombre de raisons que nous n’allons pas détailler ici, les arts martiaux qui ont une composante interne (qui intègrent une composante méditative) sont rois.
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