Le yoga, tel qu’il est souvent pratiqué de nos jours, c’est qu’une version amoindrie du yoga tel qu’il se pratique traditionnellement.
Le yoga ne consiste pas à faire quelques postures et respirations dans une optique de bien-être ou de détente. Le yoga n’est pas du développement personnel, car il vise à dépasser notre « personne », à aller chercher ce qu’il y a au-delà. Le yoga, qui signifie « unité », propose une voie complète pour atteindre la « libération » (sous-entendu du cycle des ré-incarnations). Bien qu’il ne faille pas en diminuer l’intérêt, les asanas (postures) ne sont qu’une étape intermédiaire d’une forme particulière de yoga (le raja yoga ou ashtanga yoga).
L’objectif du yogi n’est pas la posture ni le bien-être, mais les états supérieurs de conscience. Nous pouvons méditer sans nous mettre dans aucune position particulière (la posture peut être intégrée dans n’importe quelle position) et dans n’importe quel environnement avec la pratique. Faire son yoga 2 ou 3 fois par semaine en salle, c’est loin d’être suffisant pour découvrir les richesses de cette pratique multimillénaire. C’est un art de vie. Les sessions en salle peuvent bien sûr aider, mais l’objectif consiste à intégrer le yoga dans son quotidien. L’objectif consiste non pas à « faire » du yoga, mais à devenir un yogi.
Sans rentrer dans les détails techniques des différentes branches et écoles, les pratiques yogiques amènent à calmer le mental (c.-à-d. Le « commentateur sportif » qui parle sans arrêt dans notre tête dès que nous sommes inactifs), voire à le rendre silencieux sur des périodes prolongées. En soi, le vide mental n’a pas grand intérêt (si ce n’est que pour l’atteindre il faut développer des qualités mentales) et n’est lui-même qu’une étape, mais pour y parvenir nous devons être capable de nous détacher du tumulte du quotidien, ce qui dénote d’une grande force intérieure.
Le yoga permet d’atteindre la source intérieure de la félicité et permet de toucher du doigt ce qu’il y a « hors » des limites de l’humain ordinaire. Il nous amène à l’éveil, un état dans lequel le vide mental devient quasi-permanent.
Pour y parvenir, il faut apprendre à se connaître et se maîtriser via les asanas, mais aussi les kryias (purifications) ou bien les tapas (austérités, comme le jeûne ou faire vœux de silence), le pranayama (maîtrise via la respiration du prana autrement nommé chi dans la terminologie chinoise, ou « souffle vital » en occident), et enfin via la concentration qui devient contemplation puis méditation.
Tout cela demande du temps, de la pratique, de la persévérance, de l’assiduité. L’un des signes incontestables de cette maîtrise, c’est la santé qui s’améliore et qui devient quasi-parfaite (dans la mesure permise par le karma – la loi de cause et effet – : si vous naissez aveugle par exemple, il est peu probable que cela change au cours de votre vie, même si tout reste possible dans l’absolu).
Plus nous avançons dans la pratique et plus nous réalisons que le corps, l’esprit et le prana s’influencent mutuellement et qu’il y a « autre chose » de plus grand que nous. Nous réalisons alors l’unité ou yoga.
Le yoga traditionnel peut se pratiquer de nombreuses manières différentes. Cela peut se faire par l’étude des textes sacrés (jnana yoga), par l’action désintéressée (karma yoga), par la dévotion (bhakti yoga), ou bien par les pratiques méditatives à proprement parler (raja yoga). Il reste l’un des outils spirituels les plus puissants, car il a su se préserver relativement bien au cours des ages, mais il peut tout de même être modernisé (certaines notions ont probablement été mal traduites), et adapté (à notre mentalité occidentale). Nous verrons cela dans les prochaines articles.