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Brèves

  • On y est : les 30 calamiteuses ! Géopolitique de la prochaine décennie. Les 4 tendances de fond, le retour des 3R

    Vous avez une analyse différente ? Dite le, en commentaire.

    #Ukraine #Covid #Crise #démondialisation #dénatalité #IA #réchauffement

    Rappel : Les 30 glorieuses (1945-1973), les 30 piteuses (1974-2008), les 30 calamiteuses (2009-2040)

    Article en style télégraphique pour aller à l’essentiel, très rapidement. Pas d’explications. C’est un mémo.

    Les quatre tendances de fond à l’œuvre

    • démondialisation (inflation, pénuries, économie de guerre, ticket de rationnement)
    • dénatalité (immigration, vieillissement, gérontocratie, baisse de la croissance)
    • intelligence artificielle (manipulation sociale, innovation techno)
    • réchauffement & crise environnementale (plastique, perturbateurs endocriniens, perte de biodiversité, CO2, etc.)

    Les tendances circonstancielles en 2022

    • remontée des taux de la FED
    • mesures Européennes contre la Russie
    • nouvelle vague de Covid
    • dette qui a explosé
    • USA 1er producteur mondial de pétrole grâce au Schiste

    Les 3 R

    Conséquence prévisible, le retour des 3R (dès l’automne à priori): restrictions, réquisitions, rationnement.

    L’agenda mondialistes, cosmopolites. Cf le programme officiel de l’UE : économie verte, inclusive et digitale

    Plus en détail : CBDC, ID2020, état plateforme, ONU (pride month, UN LGBTQIA+ ), agenda 2030, crisis data hub, health data hub, Global ESG (Global ESG for Global Resilience, environmental, social and governance, crédit social pour entreprise).Great reset, EBSI, RRM

    Les défis individuels de la période

    Ne pas perdre trop de plumes dans la période chaotique qui vient :

    • gérer les tensions avec les proches, les collègues, et les rencontres fortuites
    • ne pas (trop) s’appauvrir ou se retrouver en situation précaire
    • ne pas se faire noyer sous l’information sensationnaliste (socio-émotions)
    • donner du sens aux épreuves pour garder le cap (c’est la ou la spiritualité interviens)
  • Matrix 4 : Nanar ou coup de génie ?

    Impossible de ne pas parler de #Matrix dans un blog sur la sociospiritualité. Allons droit au but : les critiques de Matrix 4 ont été mauvaises dans l’ensemble. Je confirme, la réalisation est moins bonne que dans le premier, les combats brouillons, la musique poussive. Matrix 4 ne restera pas dans les esprits comme le premier. Cependant, au niveau de l’histoire, j’estime que les critiques faites ne rendent pas justice au dernier opus. Le plus souvent, ces critiques ne sont ni philosophes ni spiritualistes. C’est peut-être la raison, mais peu importe.

    Avant d’interpréter une œuvre, il faut être capable de bien la “lire littéralement”. Ce n’est pas si simple avec les Matrix, car il y a plusieurs niveaux de lectures imbriqués. Mais il y a une histoire qui est racontée. Quelle est-elle ?

    Les Matrix, tous les Matrix sont des histoires subversives, des “contre-pieds au sens commun”. Attention SPOILER, ne lisez pas la suite si vous ne voulez pas être “divulgaché”.

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    Le premier Matrix nous explique que la réalité n’est pas la réalité. C’est la première subversion, parvenir à nous faire croire que le réel n’est pas réel, qu’il y a un réel plus réel qui est accessible. C’est le mythe de la caverne version Hollywood, un “philo-porn” comme le définissent eux même les Washovski. Nous sommes prisonniers d’une réalité virtuelle, mais pas de panique, il y a un “élu” qui va (peut être) venir nous libérer. Sauf que contrairement au mythe de la caverne, la vraie réalité est plus morne et dangereuse que la fausse réalité (nous pourrions y voir une 2ᵉ subversion, ou les prémices d’une 2ᵉ). Dans Matrix 1 Néo cherche la vérité.

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    Le second Matrix va plus loin : l’élu n’est pas l’élu. Il est un système de contrôle. C’est la 2ᵉ subversion : “on vous a bien eu, l’élu est là pour garantir la stabilité de la matrice face à l’aléa humain”. Nous pouvons y voir une critique des religions, ou même des “contre systèmes” qui en fait nourrissent le système. Par exemple, un terroriste qui cherche à détruire un système politique ne fait généralement que donner des billes au dictateur pour renforcer son emprise. Bref, gardons-nous de trop interpréter et revenons au sens premier. Dans Matrix Reloaded Néo cherche la liberté.

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    Le 3ᵉ Matrix est plus subtil, mais toujours aussi subversif : “on vous a bien eu, vous pensiez que Néo était pour gagner la guerre ? le but n’est pas de gagner la guerre, mais de conquérir la paix”. Du coup, dans cet “épisode” les machines sont montrées comme égales aux humains, elles connaissent l’amour, la créativité, et même la peur. Néo comprend alors que Smith et lui ne font qu’un, qu’ils ne sont que les 2 facettes d’une “équation qui cherche à se résoudre”. Mais Smith cherche à détruire Néo, mais comme faire pour le tromper et réussir à fusionner avec lui ? C’est là qu’entre en jeu l’œil de l’Oracle, enjeu métaphysique de cet épisode. Pourquoi Smith, au moment de gagner, le moment qu’il a vu, grâce à l’œil de l’oracle, s’arrête et dit “non, vous m’avez trompé”, pourquoi prend-il soudainement peur, alors qu’il avait l’œil de l’Oracle et qu’il avait vu “la fin” ? C’est simple, la clé et donnée par l’Oracle elle-même “nul ne peut voir au-delà de ce qu’il ne comprend pas”. Smith ne se pose même pas la question de ce qui se passe après sa victoire. Il ne comprend pas. Néo lui comprend, il comprend que Smith et lui sont UN, donc il peut voir plus loin que Smith et c’est ce qu’il fait et c’est pour ça qu’il “gagne” après avoir “perdu”. Matrix Revolution est de ce fait bien subversif malgré les nombreux combats et le fait qu’il soit centré sur la guerre. Dans cet épisode, Néo est mu par l’altruisme, il se sacrifie.

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    Nous arrivons à l’épisode 4. Alors, nanar ou subversion géniale ? Subversion sans l’ombre d’un doute. Matrix 4 poursuit sur sa lancée. Dans la première demi-heure “méta” Néo n’est qu’un pauvre gus qui pense halluciner. Ce qui est probablement une description plus réaliste de la vie d’un vrai “héro” qu’on ne pourrait le penser. Ensuite Néo essaye de retrouver Trinity. L’enjeu n’est plus ni lui ni elle, mais leur lien. C’est là qu’est la subversion : Néo n’a jamais été important, ni Trinity. Toute la “puissance” venait de leur lien. Pourquoi ? Là, le film prend partit. Jusque-là, il nous interrogeait sur la nature de la réalité. Qu’est-ce qui est plus réel ? Le gruau que les “libérés” mangent dans le Nebucadnezar ou le steak que Cypher déguste dans la matrice. Matrix 4 répond : ni l’un, ni l’autre (“on vous a bien eu”). Ce qui est réel en dernier lieu, c’est le sentiment qui relie Néo et Trinity au-delà des illusions de leurs vies respectives. Malgré tout ce que la Matrice et son concepteur (le psy) font pour les maintenir à distance, Néo et Trinity finissent par se retrouver. Les perceptions se révèlent illusoires, mais pas les sentiments qui “percent” à travers nos sens. Néo, qui est un anti-héro dans ce film, il n’est plus que l’ombre du héro qu’il était, finit par retrouver ses pouvoirs, mais il y a une grosse différence cette fois-ci : Trinity aussi devient une élue. C’est le couple qui est l’élu. Et ça, c’est subversif : ni l’un ni l’autre ne sont “élu”, ce qui l’est, c’est leur lien. L’un sans l’autre n’est rien. Dans 99% des films, ce sont les personnages qui sont importants et pas leur lien. Dans cet opus, Néo est mu par l’égoïsme. Il ne cherche à sauver personne. Il a perdu toutes ses illusions. Il n’essaye pas de sauver qui que soit, il ne cherche ni liberté, ni vérité. Et pourtant, à la fin, il se retrouve “élu” encore plus puissant qu’il ne l’était auparavant. Pourquoi ? Parce qu’il se connaît, parce qu’il s’est accepté, parce qu’il s’est transcendé grâce à Trinity. Cette histoire de lien n’a l’air de rien, mais c’est très profond en réalité, c’est la base, par exemple, de la théorie des catégories, une vraie révolution en math. Remettre en cause la notion d’individu classique et tout ce qui en découle.

    La boucle est bouclée, car dans le premier film, Néo ne savait pas ce qui était réel, ni d’où venait ses pouvoirs. Désormais, il le sait… c’était la chose la plus anodine qui soit. Mais il fallait pouvoir changer de regard. La trame du réel selon Matrix est donc : ce qui nous relie (dans une “réalité” ou dans une autre, peu importe). Dans le film, le lien est limité au lien amoureux, mais nous pouvons extrapoler aux liens tout courts en général : ce qui nous relie à nous même, aux autres, au cosmos.

  • Les trois filtres de la conscience

    Trois filtres encadrent les domaines de la conscience humaine.

    Points clés

    • Le soi, l’ego et la persona sont les trois principaux domaines de la conscience humaine et ils sont séparés par des filtres.
    • Le filtre entre le moi expérientiel (le soi) et l’ego s’appelle le filtre freudien ; il régule nos pulsions et nos sentiments subconscients.
    • Le filtre entre l’ego et la personnalité (persona) s’appelle le filtre rogérien, et il représente la façon dont nous gérons nos impressions.
    • Le filtre entre les processus neurocognitifs basiques subconscients ou non et les expériences conscientes subjectives, est appelé le filtre attentionnel.

    En plus de la capacité de base pour la perception sensorielle, la théorie unifiée de la connaissance (UTOK) 1 identifie trois domaines principaux de la conscience humaine. Le premier est le soi expérientiel ou primate, qui comprend à la fois la capacité d’expérience subjective et la manière dont les perceptions sont référencées par rapport aux motifs et aux émotions qui sont pertinents pour soi. Les caractéristiques de base de ce domaine de conscience sont partagées avec d’autres mammifères. Le deuxième domaine est l’ego, qui fait référence à la capacité de narration basée sur le langage de votre système d’interprétation. C’est le « je » qui décrit, évalue et explique le « moi » lorsque vous êtes engagé dans une réflexion consciente explicite. Enfin, votre persona fait référence à la façon dont vous projetez votre identité dans le monde social pour gérer les impressions et réguler votre rôle et votre place dans le domaine social.

    Ces domaines sont spécifiés dans UTOK via la théorie des systèmes de justification (JUST) 2 . En particulier, JUST soutient que nous pouvons comprendre l’évolution de l’ego et de la personnalité humaine comme résultant du fait qu’avec le langage propositionnel est venu le problème de devoir se justifier auprès des autres. UTOK proclame qu’il s’agit d’un problème central qui façonne l’arrangement structurel et fonctionnel de notre pensée propositionnelle basée sur le langage. Il fait également des prédictions très claires concernant la relation entre les domaines de la conscience. Plus précisément, JUST postule qu’il devrait y avoir des types spécifiques de processus de filtrage qui devraient être présents à la fois entre le moi expérientiel et l’ego et l’ego et la personnalité. Ces processus dynamiques sont là où nous trouvons deux des trois filtres de la conscience.

    Selon JUST, l’ego doit raconter ce qui arrive au soi expérientiel du primate et le faire avec la tâche de développer un récit justifiable des événements. Cela signifie qu’il devrait y avoir des filtres associés à la façon dont l’ego interprète le soi expérientiel. Plus précisément, cela devrait fonctionner pour filtrer les impulsions, les images, les idées et les sentiments qui sont injustifiables. Et il devrait ensuite travailler à développer des récits justifiables pour ces expériences, pulsions et images qui sont reconnues. De plus, les pensées et les sentiments puissants que l’ego ne peut pas contrôler ou nier doivent être vécus comme étrangers et “ego-dystoniques”.

    Bien sûr, les thérapeutes d’orientation psychodynamique ont depuis longtemps identifié précisément ces types de processus et de relations dynamiques entre la conscience de soi et les processus subconscients . En effet, l’idée que l’ego se trouve au sommet des parties les plus animales de nos vies mentales et filtre les processus indésirables via la répression ou la suppression, puis rationalise ces parties pour gérer notre sens de soi dans le monde relationnel est un ensemble de base d’idées de la tradition freudienne. C’est à cause de cet ensemble d’idées issues de la théorie psychodynamique que l’UTOK qualifie le filtre entre le moi expérientiel primate et l’ego de « filtre freudien ». Il opère entre les images non verbales, les pulsions et les impulsions et la narration verbale et, à cette interface, la principale dynamique que ce filtre tente est de traduire le soi expérientiel en un récit justifié et de le réguler pour qu’il soit conforme.

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    Les trois domaines de conscience séparés par trois filtres. Source : Gregg Henriques

    La théorie de la conscience humaine donnée par JUST postule que les humains doivent gérer leur place sur la scène sociale. Plus précisément, les gens peuvent être au moins en partie compris comme des acteurs sur la scène sociale qui sont responsables de leur rôle et de leur place et qui sont régulés par les attentes et les jugements des autres. Pour être valorisés et obtenir une influence sociale, ils doivent jouer ce rôle au moins adéquatement et de manière cohérente avec les attentes et les exigences du réseau social qu’ils habitent.

    Ces dynamiques mettent en évidence ce que chacun de nous sait bien en tant que personne humaine : nous devons réguler les impressions que nous créons sur la scène sociale. Et cela signifie qu’il y a un filtre entre notre moi et notre moi privés et le moi public que nous présentons aux autres. Dans ses termes les plus élémentaires, nous pouvons appeler cela le filtre privé-public ; cependant, JUST nous permet à la fois d’être plus précis et de le relier à un autre domaine majeur de la pensée psychologique. Carl Rogers a fait un certain nombre d’idées puissantes sur la psychopathologie lorsqu’il a réalisé la dynamique centrale dans la navigation dans les jugements et les évaluations des autres. Plus précisément, il a vu qu’essayer de répondre aux demandes des autres obligeait de nombreuses personnes à ne pas tenir compte de leur moi central, ce qu’il appelait le processus de valorisation de l’organisme, et à le bloquer et à se conformer. Malheureusement, cela laisse souvent les gens se sentir vides, aliénés et hors de contact. En raison de ces idées de Rogers, UTOK appelle le filtre privé à public “le filtre rogérien”.

    Les filtres freudien et rogérien montrent comment l’idée de JUST fournit un cadre explicatif causal pour unifier certaines des idées les plus importantes de la pensée psychodynamique et humaniste. Le dernier filtre est plus basique. Il fait référence au processus par lequel les processus mentaux non conscients ou subconscients deviennent des objets de conscience perceptive que nous pouvons expérimenter. Ce problème est exploré par les neuroscientifiques cognitifs et les chercheurs sur la conscience. Une série d’analyses particulièrement excellentes sur cette question provient des travaux de Dehaene (2014) 3 sur le modèle de l’espace de travail global neuronal de la conscience. Son travail montre à quel point l’ attention est un aspect central de l’expérience consciente (bien qu’il n’en soit pas synonyme). En effet, nous pouvons considérer les processus attentionnels comme une sorte de filtre entre les processus neurocognitifs sub ou non conscients et ceux qui apparaissent dans notre conscience expérientielle.

    UTOK est livré avec une carte des processus mentaux qui différencie les processus mentaux non ou subconscients des expériences conscientes subjectives 4 . Cette carte de l’esprit 1,2,3 encadre les fonctions neurocognitives en tant que processus de l’esprit 1 et les expériences conscientes subjectives en tant qu’esprit 2 . Le filtre attentionnel est le filtre qui régule entre eux deux. UTOK classe en outre les processus narratifs de la conscience de soi comme le domaine de l’esprit 3 . Certains de ces processus sont privés, ce qui, comme le note ce blog, s’appelle l’Esprit 3a (Ndt : Mind). Certains sont publics, appelés Esprit 3b . Nous pouvons alors voir que le filtre freudien se situe entre l’Esprit 2 (conscience expérientielle) et l’Esprit3a , tandis que le filtre rogérien se situe entre l’Esprit 3a et l’Esprit 3b .

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    Source : Gregg Henriques

    En somme, UTOK identifie trois filtres de base dans la conscience humaine. Le filtre attentionnel régule les processus non et subconscients de l’Esprit 1 qui pourraient apparaître dans l’Esprit 2 . Le filtre freudien régule la relation entre l’Esprit 1 et l’Esprit 2 et l’ego, qui est l’Esprit 3a. Le filtre rogérien régule les verbalisations privées de l’Esprit 3a avec ce qui est publiquement énoncé (Esprit 3b) et relève donc du domaine de la persona. Avec son analyse des filtres de la conscience humaine, sa carte des domaines des processus mentaux et sa théorie de la raison pour laquelle la conscience de soi humaine a évolué avec la structure et la dynamique fonctionnelle qu’elle a fait, UTOK nous permet enfin de clarifier la nature de la conscience humaine, métaphysiquement, ontologiquement, épistémologiquement et métathéoriquement. C’est l’une des raisons pour lesquelles UTOK est une théorie unifiée de la connaissance.

    A propos de l’auteur

    Gregg Henriques2

    Gregg Henriques, Ph.D. , est professeur de psychologie à l’Université James Madison.

    En ligne: Arbre du système de connaissances , Facebook

    Références

    1. La théorie unifiée de la connaissance est une nouvelle philosophie synthétique humaniste scientifique qui résout le problème corps-esprit et unifie nos connaissances des sciences naturelles, des sciences sociales, des sciences humaines, ainsi que notre psychisme personnel en une image cohérente.

    2. Pour en savoir plus sur la théorie des systèmes de justification, voir ici .

    3. Dehaene, S. (2014). Conscience et cerveau. Livre de pingouin, NY.

    4. Henriques, G. (2020). Quels sont les processus mentaux ? Blog de Psychology Today, Théorie de la connaissance ( ici ).

  • La fin du monde ne fait que commencer, prêt pour l’expédition

    Traduction : Source.

    Par le capitaine John Konrad (gCaptain)

    Il y a une grande compagnie maritime qui a fait des profits records ces dernières années après avoir changé son modèle opérationnel pour parier contre l’US Navy. Leur arme secrète est un stratège géopolitique influent qui affirme que le déclin de la marine américaine (et son apathie envers la navigation commerciale) constitue la plus grande menace pour l’économie mondiale. D’autres personnes interrogées par gCaptain pensent qu’il n’est qu’un alarmiste américain qui utilise la peur pour stimuler les ventes de livres. Qui a raison?

    Le problème pour ceux qui ne tiennent pas compte du travail de Peter Zeihan , auteur du nouveau livre The End Of The World Is Just The Beginning , ce sont ses prédictions audacieuses – comme l’invasion russe de l’Ukraine, qu’il a prédite dans son livre de 2014 The Accidental Superpower – se réalisent à un rythme alarmant.

    Zeihan n’est pas du genre à y aller de main morte. Il croit catégoriquement que le monde se dirige vers de graves problèmes alors qu’il se démondialise en raison d’un manque de leadership maritime de la part des États-Unis et des tensions croissantes avec la Russie et la Chine. Il n’est pas seul, un ensemble de personnes influentes mettent en garde de plus en plus ouvertement contre un monde en mutation, ce qui rend Peter Zeihan différent, c’est son accent sur la sécurité maritime et la navigation (y compris la navigation intérieure et à courte distance).

    Le monde changeant de l’expédition

    Outre Zeihan, il existe trois grandes catégories de personnes qui croient que nous sommes confrontés à un ordre mondial en mutation avec une mer agitée à venir.

    1 Changement climatique

    La première catégorie stipule essentiellement que le changement climatique et la pollution sont notre principale préoccupation. Ces dirigeants pensent généralement que la mondialisation continuera d’être tirée par le transport maritime bon marché et le financement à faible coût. Ce sont des dirigeants à l’esprit ouvert qui croient que la science et la technologie associées à une politique économique intelligente peuvent fournir au monde des alternatives vertes tandis qu’une politique de plus en plus progressiste sur le plan social assurera la paix mondiale. Ce résultat «plus du même» imprègne la plupart des conférences maritimes et des bulletins maritimes remplis d’articles sur les carburants alternatifs verts, le libre-échange, l’efficacité opérationnelle et la fin du cabotage régional.

    Livre connexe : The Absent Superpower : The Shale Revolution and a World Without America de Peter Zeihan

    2 La montée de la Chine

    La deuxième issue possible pour le commerce mondial est la domination de la Chine dans les décennies à venir. Ce résultat est décrit dans le dernier livre de Ray Dalio qui retrace la montée et la chute des empires océaniques au fil des siècles et trace l’influence croissante de la Chine et son ascension éventuelle sur la Pax Americana. Ces dirigeants croient en la nature cyclique des empires et ils établissent des liens historiques entre la chute de Rome ou l’effondrement de l’Empire britannique avec la chute de la Pax Americana. Cette opinion n’est pas aussi populaire dans les cercles maritimes, mais la plupart des dirigeants s’accordent à dire que c’est au moins une possibilité.

    3 Déglobilisation

    La troisième issue possible est la démondialisation. Très peu de gens dans le transport maritime en parlent (même ceux qui pensent que c’est le résultat le plus probable). De ce point de vue, les océans deviendront de plus en plus dangereux alors que les puissances régionales se battent ouvertement avec leurs voisins et utilisent des stratégies de défense intégrées – un terme du Pentagone pour militariser tous les instruments, y compris financiers, contractuels, cyber, etc. – alors que le monde occidental se bat contre lui-même ou se dégage de ses responsabilités. pour la sécurité des océans, entraînant une augmentation de la piraterie, de la course et du chaos général.

    Le dernier livre de Zeihan – La fin du monde n’est que le début – se situe tout à fait dans le troisième camp. L’ère de la mondialisation a rendu le monde moins cher et plus rapide – des bits et des octets serpentent à travers les câbles sous-marins à la vitesse de la lumière, les smartphones apportent des connaissances encyclopédiques à portée de main, et le conteneur d’expédition a permis de regrouper les marchandises, de les placer à bord d’un navire et transportés à travers le monde à des vitesses vertigineuses. Selon Zeihan, tout cela touche à sa fin grâce, en grande partie, au déclin de la marine américaine.

    La déglobalisation semble farfelue au premier abord. Lorsqu’un ami m’a présenté pour la première fois le travail de Peter Zeihan il y a des années, j’ai immédiatement rejeté la plupart de ses affirmations et j’ai perdu tout intérêt… mais quelque chose d’étrange s’est produit. J’ai commencé à entendre comment certains opérateurs de terminaux utilisaient son travail pour prédire la congestion des ports, comment d’autres avaient fait fortune en pariant sur les valeurs mobilières de la démondialisation, puis j’ai appris que les dirigeants de l’un des armateurs les plus importants et les plus conservateurs de la planète utilisaient le travail de Zeihan pour transformer leurs modèles opérationnels.

    Livre connexe : The Accidental Superpower : The Next Generation of American Preeminence and the Coming Global Disorder par Peter Zeihan

    Plusieurs sources ont confirmé à gCaptain que les principes de Zeihan sont pris au sérieux par un petit groupe d’acteurs très influents de l’industrie. Il existe même un club secret de lecture maritime Zeihan. Des sources suffisamment influentes pour que j’abandonne tout et lise tous ses livres.

    Ceux du transport maritime qui promeuvent le travail de Zeihan disent que les États-Unis ont tourné le dos à la politique océanique il y a des décennies et pour une bonne raison. Les océans sont un endroit dangereux, mais après la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont conclu un accord avec le reste du monde. Si les nations promettaient d’utiliser le dollar américain comme dénomination du commerce et l’anglais comme lingua franca de la logistique mondiale, la marine américaine protégerait l’expédition de marchandises à l’échelle mondiale. Vous fournissez les bottes/beurre et l’Amérique vous ouvrira ses marchés et assurera la sécurité en mer. Et pas seulement certaines mers, mais TOUTES les routes commerciales du monde vers toutes les nations du monde – y compris vers les concurrents des États-Unis comme la Russie et plus récemment la Chine – qui ne sont pas ouvertement hostiles à la navigation.

    Pax Américaine

    Pendant trois quarts de siècle, des batailles maritimes (pour la plupart oubliées) comme les guerres des pétroliers des années 1980 aux guerres terrestres en Corée, en Irak et au Vietnam… les États-Unis ont sécurisé les intérêts des entreprises et le mouvement du commerce à l’échelle mondiale. En plus de la sécurité maritime, les États-Unis ont également ouvert leur marché au commerce mondial ainsi que l’accès aux marchés financiers et aux prêts garantis par le gouvernement.

    Il n’y avait que quelques conditions préalables pour qu’une nation réussisse pendant la mondialisation. Vous ne pouviez pas attaquer les navires. Vous aviez besoin de ports et de havres en eau profonde protégés des éléments naturels ainsi que de beaucoup de terres et vous deviez – de préférence via les banques et les sociétés de conseil de Wall Street – emprunter beaucoup d’argent pour investir dans des grues, des quais, des entrepôts et le transport intermodal. De plus, vous aviez besoin d’une géographie suffisamment plate pour déplacer des matériaux lourds vers les centres de population à l’intérieur des terres. Les nations avec les meilleures voies navigables (par exemple l’Allemagne, le Japon, les États-Unis) ont utilisé ces voies navigables pour générer des capitaux et transporter le charbon lourd, le pétrole, les barres d’armature et le béton nécessaires pour investir dans la croissance industrielle. Ces nations avaient une longueur d’avance mais – à mesure que les finances devenaient abondantes et que les capitaux devenaient bon marché – toutes les nations proches de la mer pouvaient obtenir des prêts et des matériaux pour construire l’infrastructure du commerce et prospérer. Seuls les pays isolés des eaux navigables – par exemple l’Afghanistan, le Tchad, la Mongolie, la Bolivie, etc – n’ont pas prospéré (notez que les hautes falaises côtières et le manque de protection côtière dans la majeure partie de l’Afrique ont ralenti les investissements dans la majeure partie du continent).

    Presque tout le monde a prospéré et les océans sont devenus sûrs pour les navires de taille immense et à vitesse lente, débloquant des économies d’échelle qui ne sont devenues possibles que parce que l’océan est devenu suffisamment sûr pour que les expéditeurs mettent tous leurs œufs – ou au moins 26 000 EVP (NdT : équivalent 20 pieds) d’œufs – dans un corbeille.

    « À l’ère de la mondialisation, tout le monde pouvait participer à l’accès mondial, à la fabrication et à la consommation de masse », écrit Zeihan dans un chapitre intitulé L’américanisation du commerce. « Le monde avait besoin de plus de navires pour transporter plus de produits, mais dans un monde où la concurrence entre les centres impériaux n’était plus la caractéristique déterminante de l’environnement mondial, la sécurité n’était plus la préoccupation primordiale. La concurrence n’était plus une question d’armes à feu et de contrôle des voies maritimes, mais plutôt une question de coût. Ce passage de la sécurité à l’efficacité en tant que préoccupation prédominante des entreprises signifiait que le monde n’avait pas simplement besoin de plus de navires ; il fallait aussi différents types de navires.

    Le monde avait besoin de navires plus gros qui offraient des économies d’échelle et il fallait réduire les coûts par d’autres moyens, notamment la navigation lente qui réduit considérablement les coûts de carburant et les émissions de carbone, mais allonge le temps qu’un navire passe dans des eaux hostiles. La protection navale américaine a mis fin aux hostilités, ce qui a permis aux entreprises de transporter lentement une quantité de plus en plus importante de marchandises de valeur dans des eaux historiquement dangereuses. Avec la protection navale, les compagnies d’assurance pourraient souscrire le risque à des prix défiant toute concurrence.

    Mondialisation du commerce et de la logistique

    Et ce ne sont pas seulement les biens de consommation juste à temps emballés dans des conteneurs d’expédition destinés à Walmart et Amazon qui sont devenus bon marché, mais aussi l’approvisionnement mondial en énergie, via les ULCC (NdT : ULCC est l’acronyme de Ultra Large Crude Carrier, soit « pétrolier transporteur de brut ultra grand »), et les matériaux du commerce à bord des vraquiers. Les quantités massives de cuivre et de minerai de fer nécessaires pour construire des éoliennes, de la silice pour les panneaux solaires, du béton pour construire presque tout, et des produits humains plus essentiels comme la nourriture et l’énergie. Même les barres d’armature utilisées dans la plupart des projets de construction provenaient du démantèlement de navires plus anciens et plus petits pour faire place à de nouveaux grands.

    Tout le monde a prospéré grâce à une navigation plus efficace, mais il y avait un coût payé par la seule nation qui n’avait pas besoin de sécurité maritime parce qu’elle avait deux grands océans la protégeant des agresseurs potentiels, était un exportateur net de nourriture et de carburant et avait plus de milles de rivières (et les eaux côtières protégées) que n’importe quelle autre nation. Une nation avec une abondance de la plupart des ressources naturelles. L’un des rares pays à ne pas faire face à un effondrement démographique imminent. Les Etats-Unis d’Amérique.

    Le coût de la sécurité maritime

    Le coût pour l’Amérique était incroyablement élevé, des billions et des billions de dollars. Maintenir la sécurité à tout moment dans tous les océans du monde ne nécessite pas seulement des centaines de navires de guerre, de sous-marins et de groupes de frappe de super porte-avions. Cela nécessite également des bases navales placées stratégiquement dans le monde. Les coûts logistiques liés au maintien de dizaines de garnisons permanentes positionnées à l’avant, d’aérodromes de protection, de dépôts de carburant, de coupeurs de sécurité et de la force américaine 911 (Hoorah Marines) sont incroyablement coûteux.

    La sécurité maritime a toujours été difficile à vendre à un public américain principalement isolationniste, mais les législateurs ont travaillé dur pour cacher les coûts et éliminer tous les moyens par lesquels le public pourrait protester contre les coûts. Les dépenses navales ont été enfouies dans des factures de dépenses opérationnelles conjointes. L’administration maritime américaine a été démantelée et la marine marchande américaine a été autorisée à rouiller. Sans de nombreux capitaines de navires américains ou de puissants dirigeants de la marine marchande américaine, il n’y avait tout simplement pas beaucoup de personnes ayant une influence politique ou le type d’accès aux médias nécessaires pour tirer la sonnette d’alarme.

    Cela a fonctionné pendant un certain temps, mais ne fonctionne plus pour une très grande raison. La Chine.

    Chine

    La Chine est LA nation qui a le plus bénéficié d’un commerce maritime sécurisé et de la liberté de navigation (FON – NdT Freedom Of Navigation) de tous les navires marchands aux frais des contribuables américains. La Chine est aussi, hypocritement, la nation la plus hostile à la protection navale américaine et à la liberté de navigation.

    Les Américains sont prêts à payer des impôts pour la “sécurité nationale” qui protège leur intérêt national et réduit le coût des produits vendus par Walmart et Amazon, mais hésiteraient à payer des impôts qui profitent aux armateurs commerciaux européens et asiatiques au-dessus des leurs. Après la mort de la marine marchande américaine, cependant, le public américain n’a eu d’autre choix que de protéger les navires étrangers. Une fois que la Chine a commencé à construire les plus grands chantiers navals du monde, la deuxième plus grande flotte de navires marchands et la plus grande marine du monde… le financement de la sécurité maritime mondiale a cessé d’avoir un sens politique.

    Le président Trump, dont beaucoup oublient qu’il était le commandant en chef de toutes les opérations navales américaines dans le monde, s’est insurgé contre le coût de la protection militaire américaine. Le président Biden a versé de l’essence sur le feu lorsque, à partir de l’été dernier, il a blâmé les compagnies maritimes étrangères pour l’inflation.

    Ce n’est pas par hasard que le principal conseiller commercial de Trump a dédié son livre à un officier du renseignement de la marine américaine. Et ce n’est pas par hasard que Biden est ouvertement hostile à la navigation, mais peu d’experts européens de la navigation nous parlent pour comprendre les véritables raisons de ces hostilités.

    Le livre

    Le livre bien documenté et fouillé de Zeihan documente tout cela d’une manière qui se lit comme une œuvre de fiction qui tourne la page. Il ne se retient pas. Il blâme directement la marine américaine et les dirigeants populistes du monde entier qui sous-estiment la sécurité maritime et ont renoncé à la plus longue période de paix et de prospérité océanique de l’histoire.

    Zeihan tisse avec brio l’effondrement démographique avec les changements des balances commerciales et les dirigeants professionnels populistes qui ont tourné le dos à la mer. Il montre comment le manque d’intérêt de Bill Clinton pour le leadership maritime mondial a lancé cette tendance dangereuse et Zeihan détaille comment le vainqueur de chaque élection présidentielle depuis a été remporté par le candidat le moins intéressé par le transport maritime mondial et la domination navale (Trump se souciait du transport maritime mais pas au profit de l’ordre mondial mais pour protéger les intérêts américains à l’étranger). Il décrit les politiques de dirigeants autoritaires comme Xi et montre comment les politiques anti-américaines mesquines des dirigeants européens – y compris les dirigeants de la communauté maritime de l’UE – ont pris pour acquis les avantages en matière de sécurité dont ils ont bénéficié.

    L’apathie et l’atrophie de la marine marchande américaine se répercutent sur les garde-côtes américains alors que l’Amérique se tourne vers des guerres intérieures au Moyen-Orient. Et maintenant que la même apathie et la même atrophie sévissent dans la marine américaine (la marine n’est tout simplement pas honnête à ce sujet) où la culture commence à devenir toxique , les navires sont désormais surchargés, leur nombre diminue, ils vieillissent et sont de plus en plus tachés de rouille.

    Livre connexe: L’océan abandonné: une histoire de la politique maritime des États-Unis par Andrew Gibson

    Aussi bon que soit le travail, j’approuve fortement sa lecture, Zeihan a raté une pièce essentielle du puzzle. L’Amérique a non seulement payé des milliers de milliards de dollars des contribuables au cours des décennies pour sécuriser le commerce mondial, mais – comme je l’ai dit moi même, ci-dessus – les États-Unis, avec l’aide de l’administration maritime américaine – ont également systématiquement démantelé leurs propres intérêts maritimes dans le processus. Après des décennies de plaintes concernant les lois sur le cabotage et les réglementations strictes de la part des dirigeants maritimes et des dirigeants d’entreprise européens… les États-Unis ont déréglementé le commerce maritime et rendu leurs propres compagnies maritimes non compétitives et brisées exprès.

    C’est important parce que maintenant que la Russie bloque les exportations de céréales ukrainiennes – et, ce faisant, fait basculer le monde vers la famine et les révoltes populistes – et alors que la Chine verrouille les ports et déploie ses muscles dans les différends avec ses voisins – et que l’Iran embarque et arrêtant des navires que la marine américaine a protégés pendant des décennies – et alors que des scandales éclatent dans de grands pays exportateurs maritimes comme le Brésil – alors que même des capitaines de navires américains sont arrêtés, et tandis que l’Inde, l’Indonésie et la Chine ferment leurs exportations de nourriture et d’énergie… pendant que tout cela se passe, la marine américaine hausse les épaules. Elle hausse les épaules parce qu’il n’a pas de marine marchande américaine à protéger et qu’il ne reste plus de grands intérêts maritimes américains ou même de dirigeants maritimes américains qui se lèvent pour les aider à corriger leur trajectoire.

    Pas un seul capitaine de navire ne travaille au Pentagone ou dans aucun des principaux groupes de réflexion sur la sécurité nationale. Sans une marine marchande américaine demandant protection, la marine américaine s’en moque.

    Indépendamment de l’échec de Zeihan à plonger dans la politique de l’administration maritime américaine ( MARAD ) ou le contrôle américain sur l’ Organisation maritime internationale des Nations Unies à Londres – deux erreurs d’omission et non de commission – cela n’affaiblit pas son message ou sa signification. Le livre épais de Zeihan contient plusieurs chapitres sur le transport maritime et ces parties contiennent de bonnes informations sur notre industrie.

    Vous pouvez ne pas être d’accord avec la prémisse de Zeihan même après avoir lu le livre – d’après mon expérience, les dirigeants maritimes européens ont tendance à se moquer de toute suggestion d’exceptionnalisme américain dans le domaine maritime, quelle que soit sa précision factuelle – mais je vous suggère fortement de le lire parce que Zeihan’s l’a pensé hors des sentiers battus et est d’une valeur indéniable dans un monde dont nous pouvons tous convenir qu’il devient de plus en plus chaotique et incertain.

    Conclusion

    Si vous faites partie de ceux qui croient que le résultat numéro un (c’est-à-dire que la mondialisation continuera de se propager et que le changement climatique est notre plus gros problème) est inévitable, il vaut la peine de lire le nouveau livre de Peter Zeihan simplement comme un antidote aux biais de confirmation. Si vous pensez que le deuxième résultat (c’est-à-dire que Ray Dalio a raison de dire que la Chine dominera le reste de ce siècle ) est très probable, son livre vous donnera des indices sur la façon dont les dirigeants américains et européens pourraient réagir pour lutter contre la montée de la Chine. Si, toutefois, vous croyez en la troisième option (c’est-à-dire que le monde se dirige maintenant vers la démondialisation et les conflits maritimes), vous connaissez probablement déjà les travaux antérieurs de Zeihan, avez préparé votre entreprise à la guerre d’Ukraine qu’il a prédite dans son livre de 2014 The Accidental Superpower, et en profitent maintenant énormément.

    L’essentiel est que les océans et les lignes d’approvisionnement deviennent dangereux alors que la certitude se transforme en un voyage dans un épais brouillard. Sans l’aide de la marine américaine, les économies s’effondreraient, la famine pourrait s’installer (comme on l’a prévenu depuis des mois avec toujours aucune action de la marine américaine en mer Noire) et le chaos pourrait prévaloir. L’avenir n’est pas certain, mais de nouveaux plans de voyage seront nécessaires et La fin du monde n’est que le début pourrait servir d’instructions nautiques utiles.

    Lisez-le maintenant : La fin du monde n’est que le début : Cartographier l’effondrement de la mondialisation par Peter Zeihan

    Complément :

  • La relation entre la technologie et la religion

    Traduction : source.

    De nombreux laïcs et non-croyants de toutes sortes ont tendance à considérer la religion et la science comme fondamentalement incompatibles. Cette incompatibilité est également imaginée pour s’étendre à la relation entre la religion et la technologie, puisque la technologie est un produit de la science et que la science ne peut pas aller de l’avant sans la technologie, surtout aujourd’hui. Ainsi, bon nombre d’athées s’émerveillent avec incrédulité du nombre d’ingénieurs qui sont également des créationnistes et du nombre de personnes dans les industries de haute technologie qui affichent de grandes motivations religieuses.

    Mélanger technologie et religion

    Pourquoi assistons-nous à un enchantement généralisé pour la technologie et en même temps à une résurgence mondiale du fondamentalisme religieux ? Nous ne devrions pas supposer que la montée des deux est simplement une coïncidence. Au lieu de présumer que l’éducation et la formation derrière la science et la technologie devraient toujours aboutir à plus de scepticisme religieux et même un peu plus d’ athéisme , nous devrions nous demander si peut-être les observations empiriques ne confirment pas nos idées.

    Les athées sont souvent prêts à critiquer les théistes pour ne pas avoir traité des preuves qui ne répondent pas aux attentes, alors ne tombons pas dans ce même piège.

    Peut-être y a-t-il des impulsions religieuses sous-jacentes à la poussée de la technologie qui a caractérisé la modernité – des impulsions religieuses qui pourraient également affecter les athées laïcs, s’ils ne sont pas suffisamment conscients d’eux-mêmes pour remarquer ce qui se passe. De telles impulsions pourraient empêcher la technologie et la religion d’être incompatibles. Peut-être que la technologie elle-même devient religieuse par elle-même, éliminant ainsi également les incompatibilités.

    Les deux possibilités doivent être explorées. Les deux se produisent peut-être depuis des centaines d’années, mais les fondements religieux clairs du progrès technologique sont soit ignorés, soit cachés comme des parents embarrassants.

    L’enthousiasme que tant de gens ont eu pour la technologie est souvent enraciné – parfois sans le savoir – dans les mythes religieux et les rêves anciens. C’est malheureux car la technologie s’est avérée capable de causer de terribles problèmes à l’humanité, et l’une des raisons à cela peut être les impulsions religieuses que les gens ignorent.

    La technologie, comme la science, est une marque déterminante de la modernité et si l’avenir doit s’améliorer, certaines prémisses élémentaires devront être identifiées, reconnues et, espérons-le, éliminées.

    Transcendance religieuse et technologique

    La clé de tout cela est la transcendance . La promesse de transcender la nature, nos corps, nos natures humaines, nos vies, nos morts, notre histoire, etc. est un élément fondamental de la religion qui n’est souvent pas explicitement reconnu. Cela va bien au-delà de la peur commune de la mort et du désir de la surmonter et aboutit à une négation de tout ce que nous sommes dans un effort pour devenir entièrement autre chose.

    Depuis mille ans dans la culture occidentale, l’avancement des arts mécaniques – la technologie – a été inspiré par de profonds désirs religieux de transcendance et de rédemption. Bien qu’actuellement occultée par le langage et l’idéologie laïques, la résurgence contemporaine de la religion, voire de l’intégrisme, aux côtés et de pair avec la technologie n’est donc pas une aberration mais simplement la réaffirmation d’une tradition oubliée. Si vous ne reconnaissez pas et ne comprenez pas comment la transcendance religieuse et technologique se sont développées ensemble, vous ne pourrez jamais les contrer avec succès – et encore moins reconnaître quand elles pourraient également se développer en vous.

    Science médiévale et religion médiévale

    Le projet d’avancement technologique n’est pas un développement récent ; ses racines remontent au Moyen Âge — et c’est là aussi que se développe le lien entre technologie et religion. La technologie en est venue à être identifiée spécifiquement avec la transcendance chrétienne d’un monde de péchés et la rédemption chrétienne d’une nature humaine déchue.

    Au début de l’ère chrétienne, rien de tel n’était envisagé. Dans La Cité de Dieu il est écrit que “en dehors de l’art surnaturel de vivre dans la vertu et d’atteindre la béatitude immortelle”, rien de ce que les humains peuvent faire ne peut offrir une quelconque consolation pour une vie condamnée à la misère. Les arts mécaniques, aussi avancés soient-ils, n’existaient que pour aider les humains déchus et rien de plus. La rédemption et la transcendance ne pouvaient être atteintes que par la Grâce imméritée de Dieu.

    Cela a commencé à changer au début du Moyen Âge. Bien que la raison en soit incertaine, l’historienne Lynn White a suggéré que l’introduction de la charrue lourde vers la fin du VIIIe siècle en Europe occidentale aurait pu jouer un rôle. Nous sommes habitués à l’idée de l’assujettissement de l’environnement par l’humanité, mais il faut se rappeler que les gens n’ont pas toujours vu les choses de cette façon. Dans la Genèse, l’homme avait reçu la domination sur le monde naturel, mais il avait ensuite péché et l’avait perdu, et devait par la suite gagner sa vie “à la sueur de son front”.

    Grâce à la technologie, cependant, les humains pourraient regagner une partie de cette domination et accomplir des choses qu’ils n’auraient jamais pu faire seuls. Au lieu que la nature soit toujours un cran au dessus de l’humanité, pour ainsi dire, la relation entre l’humanité et la nature s’est inversée – la capacité de la machine à travailler est devenue la nouvelle norme, permettant aux gens d’exploiter ce qu’ils avaient. La charrue lourde peut ne pas sembler être un gros changement, mais c’était la première et importante étape du processus.

    Après cela, les machines et les arts mécaniques ont commencé à être représentés dans les illuminations monastique des calendriers, contrairement à l’utilisation antérieure d’images uniquement spirituelles. D’autres illuminations dépeignent des avancées technologiques aidant les armées des justes de Dieu tandis que l’opposition du mal est décrite comme technologiquement inférieure. C’est peut-être ici que nous voyons les prémices de ce changement d’attitude s’installer et que la technologie devient un aspect de la vertu chrétienne.

    Tout simplement : ce qui était bon et productif dans la vie s’est identifié au système religieux dominant.

    Sciences monastiques

    Les principaux moteurs de l’identification de la religion à la technologie étaient les ordres monastiques, pour qui le travail était déjà effectivement une autre forme de prière et de culte. Cela était particulièrement vrai des moines bénédictins. Au VIe siècle, les arts pratiques et le travail manuel étaient enseignés comme éléments vitaux de la dévotion monastique dont le but de tout temps était la poursuite de la perfection ; le travail manuel n’était pas une fin en soi mais était toujours fait pour des raisons spirituelles. Les arts mécaniques – la technologie – s’inscrivaient facilement dans ce programme et étaient donc eux-mêmes investis d’un but spirituel.

    Il est important de noter que selon la théologie patristique dominante , les humains n’étaient divins que dans leur nature spirituelle. Le corps était déchu et pécheur, donc la rédemption ne pouvait être obtenue qu’en transcendant le corps. La technologie a fourni un moyen d’y parvenir en permettant à un humain d’accomplir bien plus que ce qui était autrement physiquement possible.

    La technologie a été déclarée par la philosophe carolingienne Erigena (qui a inventé le terme artesmechaniae , arts mécaniques) comme faisant partie de la dotation originelle de Dieu de l’humanité et non comme un produit de notre état déchu ultérieur. Il a écrit que les arts sont “les liens de l’homme avec le Divin, [et] les cultiver un moyen de salut”. Grâce à l’effort et à l’étude, nos pouvoirs d’avant la chute pourraient peut-être être retrouvés et ainsi nous serions bien avancés pour atteindre la perfection et la rédemption.

    Il serait difficile d’exagérer l’importance de ce changement idéologique. Les arts mécaniques n’étaient plus simplement une nécessité brute pour les humains déchus ; au lieu de cela, ils s’étaient christianisés et investis d’une signification spirituelle qui ne ferait que croître avec le temps.

    Millénarisme mécanique

    Le développement du millénarisme dans le christianisme a également eu un impact significatif sur le traitement de la technologie. Pour Augustin, le temps était laborieux et immuable – il n’était que le compte des humains déchus n’allant nulle part, en tout cas, pas de si tôt. Pendant si longtemps, il n’y a eu aucun enregistrement clair et tangible d’aucune sorte de progrès. Le développement technologique a changé tout cela, surtout une fois qu’il a été identifié comme ayant une importance spirituelle. La technologie pouvait, d’une manière que tout le monde voyait et expérimentait de première main, donner l’assurance que l’humanité améliorait sa position dans la vie et réussissait sur la nature.

    Une mentalité de “nouveau millénaire” s’est développée, utilisant explicitement les fruits de la technologie. L’histoire humaine a été redéfinie loin du concept d’Augustin du temps pénible et larmoyant et vers une poursuite active : les tentatives d’atteindre la perfection. On ne s’attendait plus à ce que les gens fassent face passivement et aveuglément à une sombre histoire. Au lieu de cela, les gens sont censés travailler consciemment à se perfectionner, en partie grâce à l’utilisation de la technologie.

    Plus les arts mécaniques se développaient et plus les connaissances augmentaient, plus il semblait que l’humanité se rapprochait de la fin. Christophe Colomb, par exemple, pensait que le monde finirait environ 150 ans après son époque et se considérait même comme jouant un rôle dans l’accomplissement des prophéties de la fin des temps. Il a contribué à la fois à l’élargissement de la technologie marine et au développement des connaissances brutes avec la découverte de nouveaux continents. Les deux étaient considérés par beaucoup comme des jalons importants sur le chemin de la perfection et, par conséquent, de la fin.

    De cette façon, la technologie devenait partie intégrante de l’eschatologie chrétienne.

    Science des Lumières et religion des Lumières

    L’Angleterre et les Lumières ont joué un rôle important dans le développement de la technologie en tant que moyen matériel à des fins spirituelles. La sotériologie (l’étude du salut) et l’eschatologie (l’étude de la fin des temps) étaient des préoccupations courantes dans les milieux savants. La plupart des hommes instruits ont pris très au sérieux la prophétie de Daniel selon laquelle “beaucoup courront çà et là, et la connaissance augmentera” (Daniel 12:4) comme un signe que la fin était proche.

    Leurs tentatives d’accroître les connaissances sur le monde et d’améliorer la technologie humaine ne faisaient pas partie d’un programme impartial pour simplement en savoir plus sur le monde, mais plutôt pour être actifs dans les attentes millénaires de l’Apocalypse. La technologie a joué un rôle clé à cet égard en tant que moyen par lequel les humains ont retrouvé la maîtrise du monde naturel promise dans la Genèse, mais que l’humanité a perdue lors de la Chute. Comme l’observe l’historien Charles Webster, « les puritains pensaient sincèrement que chaque étape de la conquête de la nature représentait un pas vers la condition millénaire ».

    Roger Bacon

    Une figure importante dans le développement de la science occidentale moderne est Roger Bacon. Pour Bacon, la science signifiait principalement la technologie et les arts mécaniques – pas à des fins ésotériques mais à des fins utilitaires. L’un de ses intérêts était que l’Antéchrist ne soit pas le seul à posséder des outils technologiques dans les batailles apocalyptiques à venir. Bacon a écrit que:

    L’Antéchrist utilisera ces moyens librement et efficacement, afin qu’il puisse écraser et confondre le pouvoir de ce monde … l’Église devrait envisager l’emploi de ces inventions en raison des périls futurs aux temps de l’Antéchrist qui, avec la grâce de Dieu, il être facile à rencontrer, si les prélats et les princes favorisaient l’étude et enquêtaient sur les secrets de la nature.

    Bacon croyait également, comme d’autres, que le savoir-faire technologique était un droit de naissance originel de l’humanité qui avait tout simplement été perdu dans la Chute. Écrivant dans son Opus Majus , il a suggéré que les lacunes contemporaines de la compréhension humaine découlent directement du péché originel : “En raison du péché originel et des péchés particuliers de l’individu, une partie de la connaissance a été endommagée, car la raison est aveugle, la mémoire est faible, et ils seront dépravés.”

    Ainsi, pour Bacon, l’une des premières lumières du rationalisme scientifique, la poursuite de la connaissance et de la technologie avait trois raisons : premièrement, pour que les avantages de la technologie ne soient pas la seule province de l’Antéchrist ; deuxièmement, afin de regagner le pouvoir et les connaissances perdus après la Chute en Éden ; et troisièmement, afin de surmonter les péchés individuels actuels et d’atteindre la perfection spirituelle.

    Héritage baconien

    Les successeurs de Bacon dans la science anglaise l’ont suivi de très près dans ces buts. Comme le note Margaret Jacob : “Presque tous les scientifiques ou promoteurs scientifiques anglais importants du XVIIe siècle, de Robert Boyle à Isaac Newton, croyaient au millénaire qui approchait.” Cela s’accompagnait du désir de retrouver la perfection originelle et la connaissance adamique perdues avec la Chute.

    La Royal Society a été fondée en 1660 dans le but d’améliorer les connaissances générales et les connaissances pratiques; ses boursiers ont travaillé dans des enquêtes expérimentales et dans les arts mécaniques. Philosophiquement et scientifiquement, les fondateurs ont été fortement influencés par Francis Bacon. John Wilkins, par exemple, a affirmé dans The Beauty of Providence que l’avancement des connaissances scientifiques permettrait à l’humanité de se remettre de la chute.

    Robert Hooke a écrit que la Royal Society existait “pour tenter de récupérer les arts et inventions autorisés qui sont perdus”. Thomas Sprat était certain que la science était le moyen idéal pour établir « la rédemption de l’homme ». Robert Boyle pensait que les scientifiques avaient une relation spéciale avec Dieu – qu’ils étaient “nés prêtres de la nature” et qu’ils auraient finalement “une bien plus grande connaissance du merveilleux univers de Dieu qu’Adam lui-même n’aurait pu en avoir”.

    Les francs-maçons en sont une excroissance directe et un excellent exemple. Dans les écrits maçonniques, Dieu est identifié très spécifiquement comme un praticien des arts mécaniques, le plus souvent comme le “Grand Architecte” qui avait “les Sciences Libérales, en particulier la Géométrie, écrites sur son Cœur”. Les membres sont encouragés à pratiquer les mêmes arts scientifiques non seulement pour récupérer les connaissances adamiques perdues, mais aussi pour devenir plus divins. La franc-maçonnerie était un moyen de rédemption et de perfection par la culture de la science et de la technologie.

    Un héritage particulier de la franc-maçonnerie pour le reste de la société est le développement de l’ingénierie en tant que profession par les francs-maçons en Angleterre. August Comte a écrit sur le rôle que les ingénieurs joueraient dans la reconquête de l’Eden par l’humanité : “l’établissement de la classe des ingénieurs … constituera, sans aucun doute, l’instrument direct et nécessaire d’une coalition entre hommes de science et industriels, par laquelle seule le nouvel ordre social peut commencer.” Comte suggéra qu’eux, le nouveau sacerdoce, imitent les prêtres et les moines en renonçant aux plaisirs de la chair.

    À ce stade, il convient de noter que dans le récit de la Genèse, la chute se produit lorsqu’Adam et Eve mangent le fruit défendu de la connaissance – la connaissance du bien et du mal. Il est donc ironique de voir des scientifiques promouvoir une augmentation des connaissances dans le but de retrouver la perfection perdue.

    Science moderne et religion moderne

    Rien de décrit jusqu’à présent n’est de l’histoire ancienne car l’héritage de la science et de la technologie religieuses reste avec nous. Aujourd’hui, les impulsions religieuses qui sous-tendent le progrès technologique prennent deux formes générales : utiliser des doctrines religieuses explicites, en particulier le christianisme, pour expliquer pourquoi la technologie doit être poursuivie et utiliser des images religieuses de transcendance et de rédemption éloignées des doctrines religieuses traditionnelles mais sans qu’elles perdent tout pouvoir de motivation.

    Un exemple du premier peut être trouvé dans l’exploration spatiale moderne. Le père de la fusée moderne, Werner Von Braun, a utilisé le millénarisme chrétien pour expliquer son désir d’envoyer des humains dans l’espace. Il a écrit que le monde a été “bouleversé” lorsque Jésus est venu sur terre et que “la même chose peut se reproduire aujourd’hui” en explorant l’espace. La science n’entrait pas en conflit avec sa religion, mais la confirmait plutôt : « Dans cette atteinte du nouveau millénaire par la foi en Jésus-Christ, la science peut être un outil précieux plutôt qu’un obstacle. Le “millénaire” dont il parlait était la fin des temps.

    Cette ferveur religieuse a été portée par d’autres dirigeants du programme spatial américain. Jerry Klumas, autrefois ingénieur système chevronné à la NASA, a écrit que le christianisme explicite était normal au centre spatial Johnson et que l’augmentation des connaissances apportées par le programme spatial était un accomplissement de la prophétie susmentionnée de Daniel.

    Tous les premiers astronautes américains étaient de fervents protestants. Il était courant pour eux de se livrer à des rituels religieux ou à des rêveries lorsqu’ils étaient dans l’espace, et ils ont généralement rapporté que l’expérience du vol spatial avait réaffirmé leur foi religieuse. La première mission habitée sur la lune a retransmis la lecture de la Genèse. Avant même que les astronautes ne débarquent sur la lune, Edwin Aldrin a fait la communion dans la capsule – c’était le premier liquide et le premier aliment mangé sur la lune. Il a rappelé plus tard qu’il voyait la Terre d’un point de vue “physiquement transcendant” et espérait que l’exploration spatiale amènerait les gens à “s’éveiller à nouveau aux dimensions mythiques de l’homme”.

    Intelligence artificielle

    La tentative de séparer la pensée de l’esprit humain représente une autre tentative de transcender la condition humaine. Au début, les raisons étaient plus explicitement chrétiennes. Descartes considérait le corps comme une preuve de la «déchéance» de l’humanité plutôt que comme une divinité. La chair s’opposait à la raison et empêchait l’esprit de poursuivre l’intellect pur. Sous son influence, les tentatives ultérieures de créer une “machine à penser” sont devenues des tentatives de séparer “l’esprit” immortel et transcendant de la chair mortelle et déchue.

    Edward Fredkin, l’un des premiers apôtres et chercheurs dans le domaine de l’intelligence artificielle, est devenu convaincu que son développement était le seul espoir de vaincre les limites et la folie humaines. Selon lui, il était possible de voir le monde comme un “grand ordinateur” et il voulait écrire un “algorithme global” qui, s’il était exécuté méthodiquement, conduirait à la paix et à l’harmonie.

    Marvin Minsky, qui a dirigé le programme d’IA au MIT, considérait le cerveau humain comme rien de plus qu’une “machine à viande” et le corps comme un “gâchis sanglant de matière organique”. C’était son espoir de réaliser quelque chose de plus et de plus grand – des moyens de transcender ce qu’était son humanité. Le cerveau et le corps étaient, selon lui, facilement remplaçables par des machines. Quand il s’agit de la vie, seul le « mental » est vraiment important et c’est quelque chose qu’il voulait réaliser par la technologie.

    Il existe des désirs communs parmi les membres de la communauté de l’IA d’utiliser des machines pour transcender leur propre vie : télécharger leur « esprit » dans des machines et peut-être vivre éternellement. Hans Moravec a écrit que les machines intelligentes fourniraient à l’humanité «l’immortalité personnelle par greffe d’esprit» et que ce serait une «défense contre la perte gratuite de connaissances et de fonctions qui est le pire aspect de la mort personnelle».

    Cyberespace

    Il n’y a pas assez de temps ou d’espace pour aborder les nombreux thèmes religieux derrière les armes nucléaires ou le génie génétique, mais le développement du cyberespace et d’Internet ne peuvent être ignoré ici. Il ne fait aucun doute que la progression d’Internet dans la vie des gens a un effet profond sur la culture humaine. Que l’on soit technophile qui s’en réjouisse ou néo-luddite qui s’y oppose, tous s’accordent à dire que quelque chose de nouveau prends forme. Beaucoup des premiers considèrent cela comme une forme de salut tandis que les seconds voient cela comme une autre chute.

    Si vous lisez les écrits de nombreux technophiles qui travaillent dur pour promouvoir l’utilisation du cyberespace, vous ne pouvez qu’être frappé par le mysticisme évident inhérent aux expériences qu’ils tentent de décrire. Karen Armstrong a décrit l’expérience mystique de la communion comme “un sentiment d’unité de toutes choses … le sentiment d’absorption dans une réalité plus grande et ineffable”. Bien qu’elle ait eu à l’esprit les systèmes religieux traditionnels, il convient de se souvenir de cette description lorsque nous examinons des déclarations ostensiblement non religieuses d’apôtres laïcs du cyberespace.

    John Brockman, éditeur numérique et auteur, a écrit : « Je suis Internet. Je suis le World Wide Web. Je suis l’information. Je suis content ». Michael Heim, consultant et philosophe, a écrit : « Notre fascination pour les ordinateurs… est plus profondément spirituelle qu’utilitaire. Lorsque nous sommes en ligne, nous nous libérons de l’existence corporelle ». Nous imitons alors la “perspective de Dieu”, une unicité de la “connaissance divine”. Michael Benedikt écrit : « La réalité, c’est la mort. Si seulement nous le pouvions, nous errerions sur la terre et ne quitterions jamais la maison ; nous jouirions de triomphes sans risques et mangerions de l’Arbre sans être punis, fréquenterions quotidiennement des anges, entrerions au ciel maintenant et non mourir. »

    Une fois de plus, nous constatons que la technologie – Internet – est promue comme un moyen d’atteindre la transcendance. Pour certains, il s’agit d’une transcendance religieuse non traditionnelle du corps et des limites matérielles dans le domaine éphémère et ineffable connu sous le nom de “cyberespace”. Pour d’autres, c’est une tentative de transcender nos limites et de réacquérir la divinité personnelle.

    Technologie et religion

    Dans d’autres sections, nous avons examiné la question de savoir si oui ou non la science et la technologie étaient réellement incompatibles avec la religion, comme on le pense si souvent. Il semble qu’ils puissent parfois être très compatibles, et en outre que la poursuite du progrès technologique a souvent été le résultat direct de la religion et des aspirations religieuses.

    Mais ce qui devrait davantage préoccuper les laïcs et les non-croyants, c’est le fait que ces aspirations religieuses ne sont pas toujours de nature religieuse évidente – et si elles ne sont pas si manifestement religieuses au sens traditionnel, on pourrait ne pas reconnaître une impulsion religieuse croissante en eux-mêmes. Parfois, le désir ou la promotion du progrès technologique découle de l’impulsion religieuse fondamentale de transcender l’humanité. Alors que les histoires religieuses traditionnelles et la mythologie (telles que les références chrétiennes explicites à Eden) peuvent avoir disparu depuis, l’impulsion reste fondamentalement religieuse, même lorsqu’elle n’est plus reconnaissable pour ceux qui y sont activement engagés.

    Pour tous les objectifs de transcendance d’un autre monde, cependant, des puissances très mondaines en ont bénéficié. Les moines bénédictins ont été parmi les premiers à utiliser la technologie comme outil spirituel, mais finalement, leur statut dépendait de leur loyauté envers les rois et les papes – et ainsi le travail a cessé d’être une forme de prière et est devenu un moyen de richesse et d’impôts. Francis Bacon rêvait de rédemption technologique, mais réalisa l’enrichissement de la cour royale et plaça toujours la direction d’un nouvel Eden entre les mains d’une élite aristocratique et scientifique.

    Le schéma se poursuit aujourd’hui : les développeurs d’armes nucléaires, d’exploration spatiale et d’intelligence artificielle sont peut-être poussés par des désirs religieux, mais ils sont soutenus par le financement militaire et les résultats de leurs efforts sont des gouvernements plus puissants, un statu quo plus pernicieux et une élite prééminente de technocrates.

    La technologie comme religion

    La technologie cause des problèmes; il n’y a aucun doute sur ce fait, malgré toutes nos tentatives d’utiliser la technologie pour résoudre nos problèmes. Les gens ne cessent de se demander pourquoi les nouvelles technologies n’ont pas résolu nos problèmes et répondu à nos besoins. peut-être pouvons-nous maintenant suggérer une réponse possible et partielle : ils n’ont jamais été censés le faire.

    Pour beaucoup, le développement des nouvelles technologies a consisté à transcender complètement les préoccupations mortelles et matérielles. Lorsqu’une idéologie, une religion ou une technologie est poursuivie dans le but d’échapper à la condition humaine où les problèmes et les déceptions sont une réalité de la vie, il ne devrait pas être du tout surprenant que ces problèmes humains ne soient pas vraiment résolus, lorsque les besoins humains ne sont pas entièrement satisfaits et lorsque de nouveaux problèmes apparaissent.

    C’est en soi un problème fondamental avec la religion et pourquoi la technologie peut être une menace – en particulier lorsqu’elle est poursuivie pour des raisons religieuses. Pour tous les problèmes que nous nous créons, nous seuls pourrons les résoudre — et la technologie sera l’un de nos principaux moyens. Ce qu’il faut, ce n’est pas tant un changement de moyens en abandonnant la technologie, mais un changement d’idéologie en abandonnant le désir égaré de transcender la condition humaine et de s’envoler du monde.

    Ce ne sera pas facile à faire. Au cours des deux derniers siècles, le développement technologique est devenu inévitable et essentiellement déterministe. L’utilisation et le développement de la technologie ont été retirés des débats politiques et idéologiques. Les objectifs ne sont plus considérés, juste les moyens. On a supposé que le progrès technologique se traduirait automatiquement par une société améliorée – assistez simplement à la course pour installer des ordinateurs dans les écoles sans aucune considération de la façon dont ils seront utilisés, et encore moins toute tentative de déterminer qui paiera pour les techniciens, les mises à niveau, la formation, et la maintenance une fois les ordinateurs achetés. Poser des questions à ce sujet est considéré comme non pertinent – ​​et pire, irrévérencieux.

    Mais c’est quelque chose que nous, athées et laïcs, en particulier, devons nous demander. Un grand nombre d’entre nous sommes de grands promoteurs de la technologie. La plupart des personnes qui lisent ceci sur Internet sont de grands fans des pouvoirs et des potentiels du cyberespace. Nous avons déjà rejeté les mythologies religieuses traditionnelles comme motivations dans nos vies, mais l’un d’entre nous a-t-il manqué des motivations vers la transcendance héritées dans notre promotion du technologique ? Combien d’athées laïcs qui passent autrement du temps à critiquer la religion sont en fait poussés par une impulsion religieuse non reconnue à transcender l’humanité lorsqu’ils font la promotion de la science ou de la technologie ?

    Nous devons nous regarder longuement et sérieusement et répondre honnêtement : nous tournons-nous vers la technologie pour échapper à la condition humaine avec tous ses problèmes et ses déceptions ? Ou cherchons-nous plutôt à améliorer la condition humaine, malgré ses défauts et ses imperfections ?

    La source:

    La religion de la technologie : la divinité de l’homme et l’esprit d’invention . David F. Noble. 

    Dormir avec des extraterrestres : la montée de l’irrationalisme et les périls de la piété . Wendy Kaminer.

    Technologie, pessimisme et postmodernisme . Edité par Yaron Ezrahi, Everett Mendelsohn et Howard P. Segal.

    Cyberia : La vie dans les tranchées de l’hyperespace . Douglas Rushkoff.

    Science médiévale et moderne , tome II. AC Crombie.

  • Qu’est-ce que la santé psychologique?

    Un bref résumé de la façon de penser à la santé psychologique.

    Traduction : source. #sante #henriques

    Un collègue et ami à moi qui est un professeur retraité de physiopathologie avec un intérêt de longue date pour la psychiatrie et le comportement humain m’a fait une remarque très important dans nos conversations sur la santé mentale.

    «Quand j’apprenais ce qui constituait un foie malade», a-t-il dit, «l’une des connaissances les plus importantes que j’avais était de savoir à quoi ressemble un foie sain pour servir de comparaison. Pourtant, en santé mentale et en psychiatrie, vous avez essentiellement des descripteurs de dysfonctionnement, mais pas de véritables modèles de comparaison ou de référence de ce qui constitue la santé psychologique. Au lieu de cela, il y a juste une vague affirmation selon laquelle la présentation actuelle ne doit pas être “normale”.

    Ceci est un excellent point. Bien que cela ait quelque peu changé ces dernières années avec l’émergence de la psychologie positive, il n’en demeure pas moins que beaucoup moins d’ attention a été accordée à la clarification de ce qui constitue la santé psychologique qu’à la psychopathologie. Et, pendant trop longtemps, la santé psychologique a été essentiellement définie en termes d’absence de psychopathologie.

    En admettant ce point, cependant, il faut également reconnaître que comprendre la santé psychologique est assez délicat et compliqué. Considérez-le de cette façon : il est beaucoup plus simple de répondre à la question de savoir ce qu’est un foie en bonne santé que ce qu’est une personne en bonne santé. Ce dernier se sent (et est) beaucoup plus chargé de valeurs et culturellement lié. Mais cela ne signifie pas que nous sommes paralysés et le but de cet article de blog est d’aider les lecteurs à réfléchir plus explicitement à ce qui constitue la santé psychologique.

    Pour commencer, commençons par les définitions et conceptions les plus générales de la santé mentale. L’Organisation mondiale de la santé définit explicitement la santé mentale comme « un état de bien-être dans lequel [un] individu réalise son propre potentiel, peut faire face au stress normal de la vie, peut travailler de manière productive et fructueuse et est capable de faire un contribution à sa communauté. »

    Je crois que nous pouvons également penser à la santé mentale et à la maladie mentale sur un continuum qui est représenté dans la représentation ci-dessous. Ici, la clé est de penser la santé mentale sur deux dimensions liées mais séparables de l’expérience subjective et de la fonctionnalité. Ainsi, la maladie mentale est généralement caractérisée en termes de détresse et de dysfonctionnement mentaux, tandis que la santé mentale peut être considérée en termes de satisfaction/ bonheur mental et de fonctionnement optimal.

    Gregg Henrique
    Source : Gregg Henriques

    Nous pouvons décomposer davantage ce modèle de continuum via le modèle imbriqué du bien-être humain, illustré ici.

    Gregg Henrique
    Source : Gregg Henriques

    Le modèle imbriqué cartographie le construit en quatre domaines imbriqués liés mais également séparables : 1) le domaine subjectif, qui comprend l’état d’être phénoménologique à la première personne ; 2) la santé et le fonctionnement biologiques et psychologiques de l’individu ; 3) le contexte environnemental matériel et social ; et 4) les valeurs et l’idéologie de l’évaluateur.

    De cette conception, le bien-être est atteint lorsqu’il y a un alignement positif de ces domaines. Autrement dit, un individu a un bien-être élevé lorsqu’il est heureux et satisfait de sa vie, qu’il fonctionne bien psychologiquement et biologiquement, qu’il a accès aux ressources matérielles et aux relations sociales nécessaires et souhaitées pour répondre à ses besoins (et l’absence relative de ou des facteurs de stress dangereux), et s’engagent dans la vie avec un but et une direction que l’évaluateur juge bons et moraux.

    Il convient de noter que nous pouvons si nous «inversons» l’orientation du modèle imbriqué, voir émerger un aperçu des domaines clés de la maladie et de la pathologie. D’un point de vue « inversé », le premier domaine correspond à des sentiments subjectifs de détresse, de misère ou d’insatisfaction à l’égard de la vie ; le deuxième domaine impliquerait des processus psychologiques et biologiques inadaptés ou dysfonctionnels ; le troisième domaine impliquerait des facteurs contextuels matériels et sociaux qui menacent de perturber les processus fonctionnels (par exemple, les toxines ou la violence émotionnelle ) et ne répondent pas aux besoins biophysiques et psychosociaux de base d’une manière jugée problématique par l’évaluateur.

    Certains psychologues ont tenté de préciser les ingrédients et les résultats qui capturent un fonctionnement psychologique sain. Un précédent article de blog que j’ai rédigé ( voir ici ) passe en revue les six domaines de Carol Ryff qui, selon elle, constituent un fonctionnement psychologique optimal et propose également une brève enquête que vous pouvez effectuer pour voir où vous vous situez.

    Enfin, j’offrirai la perspective du Manuel de diagnostic psychodynamique (PDM). Le PDM a été développé par des psychologues qui voulaient un contraste avec le DSM basé sur la psychiatrie . Contrairement au DSM qui est essentiellement dépourvu de toute notion de santé mentale, le PDM inclut une liste assez bien spécifiée qui tente de capturer le bon fonctionnement psychologique, qui est incluse dans la diapositive suivante.

    Gregg Henrique
    Source : Gregg Henriques

    En somme, comprendre la santé psychologique est aussi crucial que comprendre la psychopathologie. En effet, comme le notait mon ami le pathologiste, si on veut vraiment comprendre la psychopathologie, il faut aussi comprendre la santé psychologique. Cela peut nous fournir un guide clair quant à ce que nous recherchons lorsque nous tentons d’accroître le bien-être humain.

    A propos de l’auteur

    Gregg Henriques2

    Gregg Henriques, Ph.D. , est professeur de psychologie à l’Université James Madison.

    En ligne: Arbre du système de connaissances , Facebook

  • Les grandes questions de la vie et l’arbre de la connaissance

    Aider les étudiants à lutter avec les grandes questions de la vie via l’arbre de la connaissance.

    Traduction : source.

    En tant que doyen associé à l’Université de Western Ontario, j’ai participé à notre semaine d’orientation des étudiants de première année en tant que conférencier lors de la soirée PechaKucha du collège. L’événement comprend plusieurs présentations organisées autour d’une des « grandes questions » de la vie. La question de cette année était : Êtes-vous d’accord ou pas d’accord avec le fait que les humains ont le droit de modifier l’environnement naturel pour répondre à nos besoins ? Je voulais montrer la valeur d’une compréhension enrichie qui puise dans toutes les branches de l’apprentissage, j’ai donc utilisé le système Tree of Knowledge . Le succès de la conférence m’a incité à en partager ici une version légèrement modifiée. Alors, en lisant ce blog, imaginez-vous en tant qu’étudiant entrant confortablement assis sur une colline en pente douce dans une université par une fraîche soirée de septembre…

    Au cours de votre parcours universitaire, vous serez exposé à de nombreuses perspectives merveilleuses sur l’humanité, de la littérature et des arts au droit et aux affaires en passant par la physique et la chimie. Chacune de ces disciplines nous aide à comprendre des aspects de qui nous sommes et de notre place dans l’univers. Ce que je veux faire ici, c’est vous aider à aborder la “grande question” de ce soir avec une vue d’ensemble de tout le tralala appelé le système de l’arbre de la connaissance.

    Source : Gregg Henriques, utilisé avec permission
    Arbre de la connaissance
    Source : Gregg Henriques, utilisé avec permission

    Conformément à la science moderne, le ToK raconte l’histoire d’un univers qui commence comme une singularité énergétique qui éclate via le Big Bang, conduisant à l’inflation cosmique. Presque instantanément, toute l’énergie qui existera jamais a été créée lorsque la grille Énergie-Matière-Espace-Temps a émergé. La première dimension de la complexité fait référence à l’émergence d’une forme d’organisation plus purement physique connue sous le nom de Matière qui s’est produite il y a près de 14 milliards d’années. Nous comprenons que la matière fait référence à tout, des particules subatomiques à l’évolution éventuelle des étoiles et des galaxies. Ces derniers phénomènes ont contribué à nous aider à comprendre comment le Big Bang a mis notre univers en mouvement et créé les conditions associées à l’évolution des niveaux de complexité comportementale.

    L’une des formes clés de la matière est constituée par les étoiles, qui avec le temps meurent violemment et libèrent des quantités inimaginables de chaleur et d’énergie. Lorsque les étoiles explosent en supernova, elles forgent les éléments nécessaires à la prochaine étape évolutive. Comme l’a dit Carl Sagan, peut-être inspiré des paroles de Joni Mitchell, la vie est faite de poussière d’étoiles !

    Il y a quatre milliards d’années, la Matière s’est organisée chimiquement pour produire la Vie sur terre, la deuxième dimension de la complexité. Les cellules sont les unités clés de l’organisation de la vie. Il existe tout un monde invisible de formes de vie unicellulaires qui ont existé sur terre pendant 3 milliards d’années avant l’émergence de créatures multicellulaires plus grandes que nous appelons des plantes.

    Peu de temps après les plantes, un autre nouveau royaume de créatures a émergé, que nous reconnaissons comme des animaux. Les animaux ressentent leur environnement et se déplacent avec leur système nerveux. Selon la ToK, les animaux sont des créatures mentales et, à ce titre, le terme Mind englobe la troisième dimension de la complexité comportementale.

    Enfin, une série de changements se sont produits qui ont conduit à l’évolution des hominidés et du genre Homo, dont seul Homo sapiens a survécu. Cette espèce a créé la culture avec des symboles partagés, un langage syntaxique, des mémoires collectives et une histoire. De plus, les êtres humains ont développé une remarquable capacité à évaluer l’information et à porter des jugements.

    En tant qu’êtres humains, nous avons trois approches principales pour évaluer le monde, qui remontent au moins à la Bhagavad Gita et à Platon : le Beau, le Bon et le Vrai. Bien que les schémas évaluatifs puissent se chevaucher et que certaines personnes recherchent l’intégration, les questions que nous posons sont généralement de nature esthétique-artistique, morale-éthique ou scientifique-logique.

    Source : Joe Michalski, utilisé avec permission
    Les trois grands
    Source : Joe Michalski, utilisé avec permission

    La question PechaKucha tombe clairement dans la colonne morale-éthique, qui reflète la nature des questions « devrait » ou « doit ».

    Il y a de nombreuses nuances à considérer pour accepter ou rejeter l’idée que nous avons le droit de modifier ou peut-être d’exploiter l’environnement naturel à nos propres fins. Mais le simple fait de poser une telle question nous en dit long sur l’espèce humaine. Plutôt que de tenter d’offrir une réponse définitive à une question morale aussi importante, je m’efforce d’expliquer pourquoi les gens peuvent formuler leurs positions comme ils le font.

    Le fait que nous puissions même poser une telle question sur les droits de l’homme reflète 13,8 milliards d’années d’évolution cosmique. D’autres animaux communiquent, ont une forme de langage et utilisent même des outils. Mais seuls les humains ont développé les formes de communication symboliques plus complexes qui permettent une compréhension commune de notre place unique dans l’environnement naturel. Du point de vue de ToK, le langage et la conscience de soi ont co-évolué pour permettre l’intersubjectivité, ou une fenêtre sur l’esprit des autres.

    Le ToK est livré avec un modèle tripartite de la conscience humaine, qui suggère que nous avons un moi expérientiel en tant qu’animal, un moi narratif privé qui convertit les expériences en pensées verbales et un moi public qui les partage avec les autres. Pourtant, à mesure que nous révélons nos pensées, nous apprenons rapidement qu’une telle ouverture peut créer des problèmes. D’autres peuvent être en désaccord ou mécontents de ce que nous révélons pour diverses raisons.

    Source : Gregg Henriques, utilisé avec permission
    Les trois domaines de la conscience humaine
    Source : Gregg Henriques, utilisé avec permission

    En conséquence, nous devons lutter avec la façon dont nous révélons nos pensées, car expliquer nos pensées relie le privé au public. Selon ce point de vue, notre système de conscience de soi est un système de narration qui fonctionne en partie pour créer des récits qui légitiment et justifient nos actions auprès des autres. Nous sommes tous des conteurs et des justificateurs d’une sorte ou d’une autre.

    Bien que les gens du monde entier soient des conteurs, nous ne partageons pas tous la même langue, les mêmes histoires, l’ ethnie , la religion ou la vision du monde. À mesure que les différences augmentent le long de ces dimensions et dans d’autres sphères culturelles, il devient plus difficile de se comprendre ; les problèmes d’harmonie augmentent.

    Comme exemple littéral de distance culturelle, considérons la question de la langue. Si nous parlons tous les deux anglais, nous partageons une langue commune et devrions probablement être capables de communiquer efficacement. Si nos accents ou notre argot diffèrent considérablement, cela peut quelque peu entraver nos capacités. Ou peut-être parlons-nous des dialectes complètement différents, étant nés et ayant grandi dans des pays différents. Mais si nous ne parlons pas du tout la même langue, alors la distance est énorme.

    Sur la base de la langue et d’innombrables autres attributs culturels, les êtres humains établissent leurs propres groupes, cliques ou tribus avec des règles et des limites d’appartenance uniques. Nous distinguons non seulement entre membres et non-membres, mais, à l’extrême, entre nous et eux. Nous créons des histoires et des récits d’origine puissants pour justifier ce qui nous rend spéciaux et pourquoi les autres non seulement n’appartiennent pas, mais peuvent être dévalués comme inférieurs. Parfois, le processus d’« altérité » donne lieu à des évaluations si sévères que les membres extérieurs au groupe sont déshumanisés ou ne sont même pas considérés comme des « personnes ». Dans ces circonstances, nous justifions toutes sortes de mauvais traitements, d’assujettissement ou même de génocide.

    Si les êtres humains peuvent être situés si loin les uns des autres dans l’espace culturel, que se passe-t-il si l’on considère les animaux non humains ? La distance augmente. Nous pouvons anthropomorphiser certains animaux ou les considérer comme plutôt humains, ce qui peut entraîner un traitement plus humain ou être « adopté » dans sa famille en tant qu’animal de compagnie. Pourtant, un clivage marqué demeure entre les êtres humains et leurs animaux de compagnie . L’idée d’avoir des relations intimes avec son animal de compagnie, par exemple, génère le dégoût universellement. Nous ne « mangeons » pas non plus nos animaux de compagnie ou tout autre animal auquel nous avons donné un nom officiel.

    D’un autre côté, nous tuons en toute impunité un grand nombre d’animaux sensibles dotés d’un “esprit”, dont beaucoup finissent par faire partie de notre alimentation. En effet, les preuves comparatives confirment que la grande majorité des personnes qui peuplent les plus grandes sociétés du monde consomment régulièrement des animaux ou des sous-produits animaux. Il ne fait aucun doute que les êtres humains ont depuis longtemps modifié et exploité l’environnement naturel à des fins alimentaires. Qu’en est-il des autres formes de vie ?

    Une fois de plus, la distance culturelle grandit, tout comme notre insouciance. Si des fourmis ou des cafards envahissent nos habitations, nous les exterminons. Nous n’épargnons pas un instant pour penser à leur bien-être. Les végétariens et les végétaliens stricts consomment encore une myriade de formes de vie végétatives ou à base de plantes. Nous modifions constamment les écosystèmes pour produire les denrées nécessaires à notre propre survie, que nous accomplissions ces objectifs de manière « responsable » ou « durable ». Pourtant, les gens parlent rarement de la douleur et de la souffrance possibles des plantes, même si certaines personnes soutiennent que les arbres (par exemple) sont également des entités sensibles et conscientes.

    Et même si l’on considère ceux qui s’occupent des plantes, les préoccupations humaines pour les entités vivantes du monde microscopique sont presque totalement absentes. Avec des billions de bactéries et d’autres cellules vivant dans notre corps, nous tuons constamment le microbiote. Les distances culturelles qui séparent les êtres humains des bactéries garantissent que presque personne ne passe des heures éveillées à se soucier du bien-être du monde microscopique, à moins que certains des habitants de ce monde ne constituent une menace pour notre propre survie.

    Enfin, qu’en est-il des autres formes de matière non vivante ? Avons-nous au moins le droit de modifier le milieu naturel pour construire nos propres abris ou pour nous vêtir ? La matière inanimée, pour être clair, n’est même pas la vie. Pouvons-nous au moins convenir que nous ne devrions pas nous soucier de l’utilisation de matériaux non vivants pour assurer notre propre sécurité et survie ? En dehors des paléontologues, des spécialistes de l’érosion et d’autres sélectionnés, qui prétendrait que nous devrions nous soucier des roches ? La distance culturelle entre les gens et les rochers défie toute métrique de mesure raisonnable.

    Pourtant, alors que Paul Simon a un jour chanté qu’”un rocher ne ressent aucune douleur”, on peut certainement aborder même les rochers et autres matières inanimées d’une manière différente. À tout le moins, les roches ont quelque chose en commun avec les êtres humains : elles ont des comportements. Tout a des comportements. (Si vous en doutez, considérez un instant que la physique est la science du comportement de la matière et de l’énergie). Tout change. Et tout ce qui existe, par définition, fait partie de la nature, y compris nous.

    Fait intéressant, même si les peuples autochtones n’avaient généralement pas les connaissances scientifiques que nous possédons, ils comprenaient les liens profonds «à travers l’univers» de la matière, de la terre, des autres espèces et de notre place parmi eux. Stephen Schwartz a capturé la philosophie de l’animisme de manière lyrique dans la chanson thème de Pocahontas intitulée Colors of the Wind : “Je connais chaque rocher, arbre et créature, A une vie, a un esprit, a un nom.”

    Ce que je veux dire ici, c’est qu’un principe fondamental émerge qui aide à placer la question de notre « droit de modifier l’environnement naturel » dans un contexte plus scientifique : plus nous sommes éloignés de cette compréhension de la connectivité, plus il est facile de modifier, d’exploiter, ou détruire quoi que ce soit pour répondre à nos besoins. Ce principe découle naturellement et logiquement de la loi universelle de l’existence. Nous et toutes les facettes de l’univers avons besoin d’énergie pour combattre la deuxième loi de la thermodynamique, ou la marche inexorable vers l’entropie.

    Que nous soyons animistes ou capitalistes, nous devons mettre en place des moyens efficaces d’exploiter l’énergie pour assurer notre propre survie. Tout s’effondre avec le temps, y compris nous. En tant qu’êtres humains, nous savons que les transferts d’énergie qui soutiennent notre corps se dissiperont, notre métabolisme cessera et nous mourrons. Les cellules de notre corps reviendront à leur état subatomique et, à un moment donné dans le futur, l’entropie prévaudra. La terre elle-même n’a peut-être plus que cinq milliards d’années à « vivre » avant d’être engloutie par notre propre soleil.

    Nous pouvons revenir au PechaKucha une fois de plus avec une compréhension résolument différente de la condition humaine et de notre place dans l’univers : « Êtes-vous d’accord ou non que les humains ont le droit de modifier l’environnement naturel pour répondre à nos besoins ? ” Et l’on pourrait ajouter : « … et conjurer l’entropie ? » Que l’on soit d’accord ou non, il n’en demeure pas moins que nous sommes la seule espèce à poser une telle question en premier lieu.

    Pourtant, il faut se rappeler que H. sapiens fait également partie de l’environnement naturel, avec une appartenance à part entière au «cercle de la vie». Nous habitons actuellement la planète Terre et, attachés gravitationnellement au soleil, nous propulsons continuellement autour de la galaxie de la Voie lactée à plus d’un demi-million de miles par heure ! Ce sont des faits incontournables. Que nous ayons le « droit » de modifier, de manipuler ou d’exploiter l’environnement , nous devons reconnaître que nous le faisons, nous l’avons et nous le ferons toujours. Nous ne pouvons pas survivre autrement.

    Mais, en tant qu’animal justificateur , nous devons décider où nous nous situons dans l’éco-tapisserie de la vie, ce que nous apprécions le plus et quelles pratiques nous pensons être les plus durables pour nos vies et pour les générations futures. Contrairement à toutes les autres espèces connues sur la planète, nous n’avons d’autre choix que de débattre de notre impact. Et c’est peut-être l’objectif le plus important de l’enseignement supérieur , ou pour quiconque espère comprendre les grandes questions de la vie. L’arbre de la connaissance nous aide idéalement à regarder le familier d’une manière inconnue et, plus important encore, devrait faciliter le plus judicieusement possible les débats sur les grandes questions de la vie.

    A propos de l’auteur

    Gregg Henriques2

    Gregg Henriques, Ph.D. , est professeur de psychologie à l’Université James Madison.

    En ligne: Arbre du système de connaissances , Facebook

  • Qu’est-ce que la sociospiritualité ?

    La sociospiritualité c’est la spiritualité adaptée aux particularités de son époque, puisque c’est en son sein que nous vivons. C’est un concept original qui ne semble pas avoir de précédent alors même qu’il pourrait paraître évident à certains.

    La spiritualité, c’est-à-dire les pratiques d’auto-transcendance, est généralement perçue et décrite comme un processus purement individuel, qui n’aurait aucun rapport avec le monde qui nous entoure. Pour caricaturer, vous faites un rituel shamanique dans un tipi qui est censé vous apporter une forme de sagesse via un état de conscience modifié et cela peut fonctionner indépendamment du lieu et de l’époque.

    Bien sûr, la spiritualité étant fondée sur des universaux anthropologiques (exemple : le vide mental reste le vide mental quelle que soit la culture ou l’époque) c’est en grande partie vrai. Cependant, le pratiquant lui n’est pas un principe désincarné, il vit à une certaine époque. L’humain étant en partie un animal social, il est forcément influencé par la culture, l’histoire, les enjeux et les angoisses de son époque. D’autre part, la spiritualité (du moins la spiritualité incarnée dont nous parlons ici) sert à vivre dans son époque et non pas à viser un au-delà métaphysique.

    Quel sont donc les rapports entre la spiritualité expérimentale et la société ?

    C’est simple.

    Nous pouvons comprendre intuitivement que notre spiritualité, toute chose égale par ailleurs, ne vas pas être la même dans un pays communiste, que dans une tribu d’Amazonie, ou en plein Tokyo moyenâgeux. De plus, la spiritualité ce n’est pas un loisir, c’est un ensemble de pratiques structurées de manière à amener une personne vers plus d’unité intérieure.

    Comprendre son époque, savoir la situer comparativement à d’autres époques (ce qui est déjà un exercice spirituel en soi qui consiste à comprendre l’altérité) permet de mieux savoir d’où nous partons et ainsi d’adapter nos pratiques en fonction de cela.

    Par exemple, notre époque à des caractéristiques bien précises comparée à d’autres époques : dans les pays développés, nous ne connaissons plus la faim, nos enfants ne meurent plus en bas age, les maladies transmissibles sont pratiquement réduites à néant, nous avons un niveau de vie meilleur que celui d’un roi d’il y a 300 ans, nous avons accès à pratiquement toute l’information et les connaissances du monde en quelques instants.

    Mais il y a un revers de la médaille. Nous vivons une méta-crise : crise du sens qui est liée à une crise de la santé mentale, une crise environnementale, une crise démographique et une crise de la globalisation digitale.

    Alors même que notre niveau de confort matériel nous permettrait en principe d’atteindre des sommets spirituels, nous sommes finalement plus ou moins soumis à toutes sortes de tentations et d’aliénations dont il n’est pas si simple de sortir.

    D’autre part, il est aussi important de comprendre le “chemin spirituel” que la société dans laquelle nous vivons a parcouru. Par exemple, en occident, nous vivons dans un monde post-chrétien. Nos conceptions sont influencées par toute une histoire qui remonte à loin. Il est important d’avoir quelques points de repères à ce sujet. La pratique spirituelle au sein du monde occidental a longtemps été le monopole de l’église qui a laissé une trace bien plus profonde que nous ne le pensons, qui reste dans des concepts qui nous n’interrogeons que rarement. Ce n’est pas l’objet de cet article, nous y reviendrons.

    Reconnaître les difficultés inhérentes à sa propre époque permet de mieux comprendre la nécessité d’une démarche spirituelle adaptée.

    Quelque part, la spiritualité consiste aussi à corriger les biais de son époque autant que ses biais personnels. Ce qui nous amène à une des difficultés de la démarche spirituelle : nous allons forcément nous retrouver en décalage par rapport à nos contemporains.

    La sociospiritualité est trans-disciplinaire et va s’intéresser principalement aux questions suivantes :

    • histoire religieuse d’une population, pour comprendre son paradigme spirituel
    • comparatif des différents courants spirituels pour situer la sociologie et les pratiques d’un groupe relativement aux autres
    • tout ce qui a trait au sens de la vie dans une société : typologie des maladies (y compris civilisationnelles), les mœurs relatives à la mort et la naissance
    • la situation géo-économique qui influence les croyances des gens d’un groupe, leurs angoisses et espoir, avec un gros plan particulier sur les innovations technologies qui peuvent impacter les liens des gens envers eux-mêmes, les autres et le reste du monde (la nature)

    Suggestion de lecture :

  • À quoi ça sert de méditer ? Comprendre grâce à un exemple de développement cognitif chez l’enfant

    La méditation à de nombreux bienfaits. Nous allons aborder la question sous l’angle des sciences-cognitives. Que peuvent-elles nous apprendre d’intéressant sur la méditation, et ses effets de long terme ?

    Méditer est l’une des manières d’améliorer nos “fonctions exécutives” qui sont cruciales pour le développement cognitif. Mais qu’est-ce que le développement cognitif au juste ? Le plus simple pour le comprendre, c’est de l’observer chez l’enfant, puisqu’en dernier ressort, c’est le même processus qui se poursuit chez l’adulte.

    Voici un exemple simple, concret et classique qui permet d’extrapoler ce qu’est le développement cognitif :

    Il existe plusieurs variantes :

    À partir d’observations et d’expériences de ce type, Jean Piaget a proposé une théorie du développement cognitif en quatre stades pour les enfants (il s’arrête à 12 ans). D’autres chercheurs ont amélioré sa théorie et proposent des modèles de développement sur la vie entière.

    Quel est le rôle des “fonctions exécutives” (FE) dans ce développement ? Pour faire simple, les FEs sont la partie “self contrôle” du cerveau. Dans le cas présent, elles servent de système d’inhibition pour résister à notre intuition première. Notre cerveau essaye de “comprendre” le monde. Pour un enfant, le premier réflexe est de penser qu’un verre rempli plus haut contient plus de liquide, point. C’est en résistant à cette impulsion que nous finissons par apprendre que la taille du verre à aussi son importance.

    Une fois adulte, ce mécanisme est intégré et il se produit de manière totalement automatique. Cependant, nous n’avons jamais une représentation parfaite du monde, notre cerveau continue toute notre vie de nous tromper, nous conservons toujours des “réflexes” qu’il nous faut parfois déconditionner / inhiber. Si la sagesse est définie comme la capacité à se désillusionner, alors, par définition, devenir plus sage consiste à poursuivre notre développement cognitif, comme l’exemple de la conservation des volumes le montre.

    Du point de vue cognitif, d’après le prix Nobel Daniel Kahneman, pour gérer la complexité du monde, notre cerveau adopte deux stratégies : un système rapide, intuitif, analogique, mais approximatif et un système précis, logique, analytique, mais coûteux. Un 3ème système vient arbitrer s’il faut utiliser l’un ou l’autre (via les émotions, notamment la surprise, mais pas uniquement).

    Prenons un exemple : vous conduisez une voiture, la plupart du temps, vous utilisez le monde automatique, instinctif, sauf occasionnellement, pour lire un panneau ou bien réagir à une situation plus complexe, alors vous devenez plus attentif et vous ne réagissez plus avec votre subconscient. Le mécanisme qui gère cette bascule et qui permet de détecter les situations ou l’instinct ne suffit pas, ou il faut prendre la main, ce sont les FEs qui s’en chargent. De plus, ce 3ème système permet de reprogrammer la partie instinctive sous l’égide de la partie logique afin d’améliorer le tout.

    Peu connues du grand public, les FEs sont pourtant très étudiées. Par exemple, sur le journal “Frontiers”, à date de publication de cet article, il y a plus de 9000 études qui s’y rapportent.

    Les FEs jouent un rôle clés dans de nombreux domaines de la vie, comme rester concentré sur une tâche ou même poursuivre un objectif à long terme, etc. Les études montrent qu’elles ont un impact important sur la réussite personnelle générale (études, travail, couple, santé). Les FEs sont le système qui permet de nous adapter. Si elles ne sont pas suffisamment développées, alors nous aurons beaucoup de mal à gérer des situations différentes, car incapable de nous retenir le temps que notre cerveau trouve une meilleure solution. C’est ce que montre le fameux test du Marshmallow :

    Contrairement au QI (qui est aussi un prédicteur de succès à long terme) qui est essentiellement héritable et qui ne peut pas vraiment être entraîné, les FEs elles, le peuvent, à tout âge qui plus est. La méditation est une des pratiques réputées pour améliorer les FEs, et donc pour continuer notre développement cognitif tout au long de la vie. L’activité physique aussi. Pour un grand nombre de raisons que nous n’allons pas détailler ici, les arts martiaux qui ont une composante interne (qui intègrent une composante méditative) sont rois.

Loi de UN - Johann Oriel