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Michael Levin : Au-delà de la science fondamentale – une éthique à jour
Le texte qui suit est une traduction d’une partie de la conclusion d’un article de Michael Levin, biologiste, sur la cognition. Son travail est si révolutionnaire qu’il est difficile à présenter en lui rendant justice. Il étudie la morphogenèse, chez les planaria, des sortes de vers immortels.
L’idée consiste à tenter de comprendre comment, quand un organisme fait repousser un membre sectionné, les cellules font pour s’organiser afin de reconstruire ce qui manque. Comment elles savent qu’il faut se diviser ici et pas là ? Le professeur à découvert qu’il était possible de faire pousser une tête à la place de la queue ou des yeux au mauvais endroit. Mais le plus étonnant que les cellules parviennent à s’organiser d’elles-mêmes pour que l’œil ou la tête soient fonctionnels malgré tout. Elles sont douées une “intelligence autonome”. Cette intelligence est partout dans le vivant en fait, elle opère à tous les niveaux. Michael Levin présente ici un “framework”, qu’il appelle TAME (Technological Approach to Mind Everywhere) pour étudier cette cognition. Je ne résiste pas au plaisir de vous traduire ses réflexions sur les conséquences éthiques de ses travaux ainsi que ses considérations sur la nature de la conscience. Ce n’est pas si long et ça préfigure les problèmes qu’il va falloir résoudre dans le monde de demain, un monde post-humaniste ! J’ai souligné un paragraphe qui me semble particulièrement important.
Conscience
Bien que le framework TAME se concentre sur les propriétés observables de la 3ème personne, elle prend des engagements envers les façons de penser à la conscience. Provisoirement, je suggère que la conscience vient également en degrés et en types (n’est pas binaire) pour les mêmes raisons plaidées pour la continuité de la cognition. Si la conscience est fondamentalement incarnée, la plasticité et la malléabilité progressive des corps suggèrent qu’il s’agit d’une forte exigence pour les partisans des transitions de phase pour spécifier quel type de changement corporel «atomique» (non plus divisible) permet un changement qualitatif dans la conscience de la capacité. Une autre implication de l’apparition est que, bien que «l’incarnation» soit critique pour la conscience, il ne se limite pas aux corps physiques agissant dans l’espace 3D, mais comprend également des systèmes d’action de perception fonctionnant dans toutes sortes d’espaces. Cela implique, contrairement aux intuitions de nombreuses personnes, que les systèmes qui fonctionnent dans des espaces morphogénétiques, transcriptionnels et autres devraient également avoir un certain degré de conscience (si très minimal). Cela suggère à son tour qu’un agent, comme un humain moderne typique, est vraiment un patchwork de nombreuses consciences diverses, dont une seule est généralement capable de signaler verbalement ses états (et, sans surprise, étant donné son accès limité et son auto-frontière , se croit être un unitaire, seul propriétaire du corps).
Qu’est-ce qui est nécessaire à la conscience? La perspective de TAME est fondamentalement celle de la primauté de l’activité dirigée par des objectifs. Ainsi, la conscience accompagne des types spécifiques de processus cognitifs qui exercent de l’énergie vers les objectifs, mais comme décrit ci-dessus, ces processus peuvent prendre des formes très divergentes de notre vision typique centrée sur le cerveau. Contrairement à d’autres vues panpsychistes, TAME ne prétend pas que l’esprit est inévitablement cuit dans la mise en œuvre ou la structure physique. La structure causale et les propriétés cybernétiques du mode de réalisation sont des déterminants clés de la capacité de conscience. Cependant, comme le degré minimal d’autodétermination interne et de direction par objectif est apparemment présent même dans les particules (Feynman, 1942; Georgiev et Georgiev, 2002; Ogborn et al., 2006; Kaila et Annila, 2008; Ramstead et al., 2019; Kuchling et al., 2020a), il peut n’y avoir pas de vrai «0» sur l’échelle de conscience dans l’univers. Bien que l’accrétion simple n’agrandisse pas l’activité dirigée par le nano-goal et l’action indéterminée des particules (par exemple, les roches ne sont pas plus conscientes et probablement moins, que les particules dans des contextes spécifiques), l’organisation biologique l’amplifie, entraînant une augmentation de la sensibilité.
Au-delà de la science fondamentale: éthique à jour
Le framework TAME a également des implications pour l’éthique de plusieurs manières. L’accent actuel pour l’éthique est de savoir si les constructions du génie génétique (par exemple, les organoïdes des cellules neurales) sont suffisamment comme un cerveau humain ou non (Hyun et al., 2020), comme critère d’acceptabilité. De même, les efforts existants pour étendre l’éthique se concentrent sur les produits évolutifs naturels et conventionnels tels que les invertébrés (Mikhalevich et Powell, 2020). TAME suggère que cela est insuffisant, car de nombreuses architectures différentes pour la cognition sont possibles (et seront réalisées) – la similitude des cerveaux humains est trop paroissiale et un marqueur limitant pour les entités qui méritent la protection et d’autres considérations morales. Nous devons développer une nouvelle éthique qui reconnaît la diversité des esprits et des corps possibles, en particulier depuis que les combinaisons de systèmes biologiques, conçus et logiciels sont de plus en plus développés. À quoi ressemble quelque chose et de quoi il est originaire (Levin et al., 2020; Bongard et Levin, 2021) ne seront plus un bon guide lorsque nous sommes confrontés à une myriade de créatures qui ne peuvent pas être confortablement placées dans l’arbre phylogénétique familier de la Terre.
La bio-ingénierie de nouveaux moi augmente notre responsabilité morale. Pour les éons, les humains ont créé et libéré dans les intelligences avancées et autonomes avancées – la grossesse via et la naissance d’autres humains. Cela, comme le dit Daniel Dennett, a été atteint jusqu’à présent via des niveaux élevés de «compétence sans compréhension» (Dennett, 2017); Cependant, nous passons maintenant à une phase dans laquelle nous créons des êtres via la compréhension – avec un contrôle rationnel sur leur structure et leurs capacités cognitives, ce qui apporte une responsabilité supplémentaire. Un nouveau cadre éthique devra être formé sans pouvoir se fier à des notions folkloriques binaires telles que «machine», «robot», «évolué», «conçu», etc., car ces catégories sont désormais considérées comme n’étant pas des catégories naturelles nettes. Au lieu de cela, des approches plus larges (telles que les préoccupations bouddhistes pour tous les êtres sensibles) peuvent être nécessaires pour agir de manière éthique en ce qui concerne les agents qui ont des préférences, des objectifs, des préoccupations et des capacités cognitives dans des formes très inconnues. TAME cherche à percer les biais autour des propriétés contingentes qui stimulent nos estimations de qui ou de ce qui mérite un traitement approprié, pour développer un mécanisme rationnel et empirique pour reconnaître des “ego” (ndt : Selves) autour de nous.
Un autre aspect de l’éthique est la discussion des limites de la technologie. Une grande partie est souvent motivée par un état d’esprit consistant à s’assurer que nous ne faisons pas face aux risques d’utilisations négatives de technologies spécifiques (par exemple, les organismes génétiquement modifiés dans les écosystèmes). Ceci est bien sûr essentiel en ce qui concerne les nouvelles capacités de bio-ingénierie. Cependant, de telles discussions sont souvent unilatérales, encadrées comme si le statu quo était excellent, et notre objectif principal est simplement de ne pas aggraver les choses. Il s’agit d’une erreur fondamentale qui néglige le coût d’opportunité de ne pas exploiter pleinement les technologies qui pourraient stimuler les progrès du contrôle de la biologie. Le statu quo n’est pas parfait – la société est confrontée à de nombreux problèmes, notamment des disparités de qualité de vie à travers le monde, une souffrance incroyable, des besoins médicaux non résolus, un changement climatique, etc. Il faut garder à l’esprit que, avec la nécessité de limiter les conséquences négatives de la recherche scientifique, il existe un impératif moral pour faire progresser les aspects des programmes de recherche qui permettra (par exemple) de craquer du code morphogénétique pour révolutionner la médecine régénérative bien au-delà de ce que L’édition génomique et la biologie des cellules souches peuvent faire seule (Levin, 2011).
L’accent mis sur le risque résulte d’un sentiment que nous ne devrions pas «déconner avec la nature», comme si les structures existantes (de l’ordre anatomique aux écosystèmes) étaient idéales, et nos tentatives de tâtonnements perturberont leur délicat équilibre. Tout en étant très prudent avec de puissantes avancées, il faut également garder à l’esprit que l’équilibre existant (c’est-à-dire les objectifs homéostatiques des systèmes des cellules aux espèces du réseau alimentaire) n’a pas été atteint en optimisant le bonheur ou toute autre qualité proportionnée aux valeurs modernes: Il est le résultat de propriétés de systèmes dynamiques façonnées par les accidents congelés des méandres du processus évolutif et le processus dur de sélection pour la capacité de survie. Nous avons la possibilité d’utiliser la conception rationnelle pour faire mieux que les mécanismes de base de l’évolution.
Surtout, les technologies actuelles nous obligent à faire face à un risque existentiel. La robotique d’essaims, l’Internet des objets, l’IA et les efforts d’ingénierie similaires vont créer de nombreux systèmes complexes et axés sur les objectifs composés de pièces compétentes. Nous n’avons actuellement aucune science mature d’où viennent les objectifs de ces nouveaux moi. TAME nous rappelle qu’il est essentiel de comprendre comment les objectifs des entités composites se produisent et comment ils peuvent être prédits et contrôlés. Pour éviter le scénario Skynet (Bostrom, 2015), il est impératif d’étudier la mise à l’échelle de la cognition dans divers substrats, afin que nous puissions nous assurer que les objectifs de nouveaux êtres puissants et distribués s’alignent avec le nôtre.
Étant donné la capacité des sous-unités humaines à fusionner en structures encore plus grandes (sociales), comment construisons-nous des moi d’ordre supérieur qui favorisent l’épanouissement pour tous? La dynamique du cancer multicellularité (figure 9) suggère que les connexions fonctionnelles étroites qui brouillaient les frontières cognitives entre les sous-unités est un moyen d’augmenter la coopération et la capacité cognitive. Cependant, la simple maximisation de la perte d’identité en collectivité massive est un échec bien connu au niveau social, ce qui entraîne toujours la même dynamique: les objectifs de l’ensemble divergent fortement de ceux des parties, qui deviennent aussi jetables pour le moi social plus large comme les cellules de la peau sont pour nous. Ainsi, l’objectif de ce programme de recherche au-delà de la biologie est la recherche de politiques contraignantes optimales entre les sous-unités, qui optimisent les compromis nécessaires pour maximiser les objectifs individuels et le bien-être (préservant la liberté ou l’autonomisation) tout en récoltant les avantages d’un soi de soi à l’échelle du niveau des groupes et des sociétés entières. Bien que les mécanismes de liaison spécifiques utilisés par l’évolution ne soient pas garantis comme les politiques que nous voulons au niveau social, l’étude de ces éléments est essentielle pour démarrer un programme rigoureux de recherche sur des façons de mise à l’échelle possibles qui pourraient avoir une pertinence sociale. Ces questions ont été précédemment abordées dans le contexte de la dynamique évolutive et de la théorie des jeux (Maynard Smith et Szathmáry, 1995; Michod et Nedelcu, 2003; Van Baalen, 2013), mais peuvent être considérablement élargies en utilisant le cadre apprivoisé.
En fin de compte, d’importantes questions éthiques autour des nouveaux agents constitués de combinaisons de matériel, de logiciels, d’évolution et de composants conçus reviennent toujours à la nature du soi. La cohérence d’un esprit, ainsi que sa capacité à poursuivre l’activité dirigée par objectif, est au cœur de nos notions de responsabilité morale au sens juridique: une diminution de la capacité, et bientôt, une capacité accrue, à faire des choix est un pilier pour les structures sociales. Les vues des mécanistes de cause à effet dans les neurosciences du comportement éroderaient ces notions classiques. Plutôt que de réduire les moi (à 0, dans certaines approches éliminativistes), TAME (Levin, 2022) trouve de nouveaux moi autour de nous. Nous voyons plus d’agence, pas moins, lorsque l’évolution et la biologie cellulaire sont prises au sérieux (Levin et Dennett, 2020). Le moi cognitif n’est pas une illusion; Ce qui est une illusion, c’est qu’il n’y a qu’un seul moi, permanent et privilégié qui doit surgir entièrement ascendant à travers le processus d’escalade évolutif. Notre objectif, aux niveaux biomédical, personnel et social ne devrait pas être de détruire ou de minimiser le soi mais de le reconnaître sous toutes ses formes, de comprendre ses transitions et d’élargir sa capacité cognitive vers le bien-être des autres moi.
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Abrégé de fondation morale
Sujet ultra-ambitieux, mais peu importe. Le digitocène, cette ère post-humaniste qui a débuté et dans laquelle nous sommes bien engagés (que ça nous plaise ou non), rejette les principes humanistes, notamment l’anthropocentrisme, mais ne dispose pas (encore) d’une morale propre (ni d’une spiritualité établie d’ailleurs).
Bien entendu, certains philosophes ont déjà commencé à se pencher sur le sujet. Cependant, la tâche est immense. Je travaille sur quelques pistes prometteuses, mais en attendant, dans cet article, je vais lister succinctement les idées morales cardinales qui ont fait leurs preuves ou qui sont discutées actuellement. Le fait que je les cite ne veut pas dire que vous devez adhérer, la morale ne fonctionne pas ainsi. D’ailleurs, si vous êtes humaniste, certaines lignes vont vous faire hurler à la mort. La morale, c’est difficile.
Comprenez bien les enjeux. D’une métaphysique découle une morale dont découlent des lois dont découlent des systèmes politiques et économiques. Le fait de transitionner d’une métaphysique monothéiste à humaniste à tout changé, et de même le passage au post-humanisme change tout à nouveau. Sauf que le post-humaniste est encore à construire et que nous pouvons y participer.
Le yoga est une philosophie singulière dont la morale est strictement personnelle (on se l’impose à soi-même uniquement) parce que le but est le silence mental. En un sens, en tout cas pour moi, c’est la morale ultime, mais d’un autre point de vue, c’est totalement inadapté à notre époque.
Les auteurs que je cite ont écrit des traités entiers sur la morale. Bien souvent, l’histoire ne retient qu’une idée centrale et c’est sur ces dernières que je me focalise. Si vous êtes nouveaux sur le sujet, ce post ne vous servira à rien, et je vous invite à vous familiariser avec quelques dilemmes moraux pour comprendre la nature des questions qui se posent, surtout si vous pensez qu’il existe “une seule” morale. D’un point de vue thermodynamique et évolutif, la morale est le fondement de la vie en groupe. C’est un équilibre dynamique, une tension permanente : “les individus égoïstes réussissent mieux au sein d’un groupe, les groupes altruistes réussissent mieux que les autres groupes” (David Sloan Wilson). C’est une question d’intelligence collective.
- Le principe libertarien de responsabilité morale : quelqu’un est responsable de ses actes s’il pouvait choisir de faire autrement. (Principe métaphysique, voir l’objection des cas de Frankfurt)
- « La théorie des fondements moraux » de Jonathan Haidt : qui inclut cinq vertus présentes dans toutes les cultures. Aux deux vertus classiques de justice et de soin d’autrui sont ajoutées les vertus, réputées conservatrices, de loyauté au groupe, d’obéissance à l’autorité et de pureté morale. Les valeurs de loyauté au groupe et d’obéissance à l’autorité ont en commun d’améliorer les liens entre les groupes sociaux. C’est une approche anthropologique.
- La réciprocité, Tit for Tat. La règle d’or : ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qu’on te fasse
- L’impératif catégorique kantien : agir « de telle sorte que tu puisses également vouloir que ta maxime devienne une loi universelle ».
- Le voile de l’ignorance de Rawls : le législateur doit prendre ses décisions sous un « voile d’ignorance ». Autrement dit, le législateur doit occulter sa propre position dans la société et prendre ses décisions comme s’il pouvait, un jour, occuper une autre position sociale.
- L’heuristique de la peur de Hans Jonas : l’éducation par la catastrophe & éthique de la responsabilité. Un avenir terrifiant suffit-il à imposer à l’agir de l’homme une autocorrection éthique pouvant permettre à l’humanité présente et future de se protéger contre le risque de l’apocalypse ?
- La moraline de Nietzsche : à la morale chrétienne, la morale dominante et bien-pensante, le suffixe -ine est accolé à « morale » pour suggérer une substance pharmaceutique désignant un produit imaginaire permettant de donner une bonne moralité.
- Guillotine de Hume : La loi de Hume, aussi appelée guillotine de Hume, est une proposition méta-éthique qui interdit l’inférence d’un « être » (is) à un « devoir-être » (ought). Ou comme le formule Raymond Boudon « aucun raisonnement à l’indicatif ne peut engendrer une conclusion à l’impératif ». Aussi appelé sophisme naturaliste.
- Altruisme efficace : il s’agit d’identifier les moyens d’agir qui ont le plus d’impact positif et de les mettre en pratique, en se basant sur une approche rationnelle et des données empiriques.
- Les risques existentiels de Nick Bostrom : depuis l’invention de la bombe atomique, une nouvelle catégorie de risques a été inaugurée : elle représente un risque d’étendue mondiale et d’intensité fatale, mais à la différence d’une éventuelle chute de météorite, ces nouveaux risques sont d’une probabilité bien plus élevée.
- Le long-termisme de McAskill : Le philosophe Fin Moorhouse résume les trois arguments principaux en faveur du long-termisme comme suit : 1. « la vie des gens importe quel que soit le moment où elle se situe dans le futur » ; 2. il se pourrait bien qu’il y ait plus de gens en vie dans le futur qu’il n’y en a aujourd’hui ou qu’il y en a eu dans le passé ; et 3. « nous pouvons agir pour affecter de façon significative et prévisible l’avenir à long terme ».
- Le personnisme de Peter Singer : Singer affirme que les fœtus et même les nouveau-nés ne sont pas encore des personnes et ne jouissent donc pas des mêmes droits qu’un adulte ou toute autre personne. Ainsi, le droit à la vie ne s’applique pas aux fœtus selon l’utilitarisme des préférences de Singer.
- Les indicateurs d’humanité de Joseph Fletcher : « la conscience et le contrôle de soi, le sens du futur et du passé, la capacité d’entrer en relation avec les autres, de se préoccuper des autres, la communication et la curiosité ».
- La personne selon John Locke : une personne est « un être intelligent pensant, qui a raison et réflexion, et qui peut se considérer soi-même comme soi-même, la même chose pensante en des temps et des lieux différents ».
- Yama et Niyama du Yoga : observances et abstinences en vue de la réalisation du soi, la fin des automatismes mentaux.
- Les animaux sont doués de morale.
- L’appel à la nature :
- Ce qui est naturel est ce vers quoi nous tendons inévitablement
- Le sophisme naturaliste : ce n’est pas parce que quelque chose “est” qu’il “doit être”.
- L’appel inverse à la nature : ce qui est bon doit être naturel (quitte à modifier la nature)
PS : si vous voulez faire un petit test de morale en ligne.
PPS : n’hésitez pas consulter cette page de temps à autre, je compte la compléter au fur et à mesure de mes recherches.
PPPS : je compte faire aussi bientôt un petit abrégé de philo sur la question du rapport à la technique. Il y a des choses très intéressantes à dire.
Vous avez une analyse différente ? Dite le, en commentaire.
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Pourquoi je dis qu’il faut une nouvelle spiritualité ?
Peut-être que comme moi, vous avez testé plusieurs enseignements spirituels, à la fois traditionnels ou plus modernes, mais qu’à chaque fois, quelque chose n’allait pas. Peut-être que le problème, c’est moi et pas l’enseignement, non ? Nous nous posons tous cette question, je suppose. Peut-être que je n’ai pas trouvé la spiritualité qui me correspond ? C’est possible. Mais de l’autre côté, de ce que j’ai pu observer, je n’étais pas le seul dans cette situation non plus, à chercher.
I can get no satisfaction ?
Sauf que finalement, j’ai plus ou moins trouvé ce que je cherchais : le silence mental, les “pouvoirs” spirituels, la sérénité, la sensation d’être à ma place.
C’est pour ça que j’ai désormais la conviction que OUI, il y a bel et bien un souci avec LES spiritualités qui nous sont proposés actuellement. Je ne dis pas ça pour jouer à celui qui a tout compris, ni pour devenir gourou. C’est tout le contraire puisque je plaide pour une approche collégiale.
Alors qu’en est-il ?
J’ai dorénavant une réponse claire et simple : avec le digitocène, nous sommes entrés dans l’ère post-humaniste. Il existe des spiritualités chrétiennes, humanistes, bouddhistes, etc… mais aucune spiritualité véritablement “post-humaniste“. Elle est en gestation. J’essaye modestement de participer à sa conception.
Le post-humanisme est un vaste sujet, disons pour faire simple qu’il s’agit de remettre l’humain à sa place dans le cosmos au lien d’en faire la fin de toute chose comme dans l’humanisme (j’y reviendrais).
Plutôt que de partir dans de grandes théories, je vais donner un exemple concret : la respiration. Les traditions spirituelles sont nombreuses à proposer toutes sortes d’exercices respiratoires. J’en sais quelque chose, le yoga dont je suis spécialiste en a développé plusieurs. J’ai moi-même testé de nombreuses pratiques du souffle : toumo de Maurice Daubard que je suis allé rencontrer chez lui, la respiration Wim Hof, la respiration holotropique de Stanlisas Grof, la marche afghane (que je pratiquais instinctivement en montagne), la cohérence cardiaque et différent pranayamas. J’ai eu quelques expériences mystiques marquantes.
Mais ça reste du bricolage quoi qu’en dise et sans dénigrer l’efficacité de ces techniques. Ces pratiques sont sujettes aux biais humains. Elles ont été découvertes par tâtonnement, elles peuvent déformées dans le temps, comme par une sorte de téléphone arabe, elles peuvent être contre-productives si elles sont employées dans le mauvais contexte.
C’est là où intervient la science et c’est précisément pour cela que j’insiste autant sur la nécessité de marier science et traditions. Désormais, nous avons des études sur les effets de ces pratiques respiratoires et nous avons aussi une compréhension plus profonde de la physiologie de la respiration. Grâce à cela, nous pouvons utiliser les pratiques anciennes, les améliorer et les replacer dans le contexte des connaissances scientifiques actuelles. J’étais enthousiasmé de lire récemment ce papier intitulé “Keeping the Breath in Mind: Respiration, Neural Oscillations, and the Free Energy Principle” qui relie le principe d’énergie libre et la respiration.
Mais ce n’est pas tout. Sans rentrer dans les détails techniques ici (il me faudrait tout un livre, j’y travaille), comprenez que la respiration peut influencer notre réseau nerveux autonome, et donc nos émotions. Hors notre société ne sait plus respirer. Nous respirons trop par la bouche notamment et c’est mauvais pour la santé. Je suis persuadé que nous tenons là l’explication pour un grand nombre de maladies chroniques ainsi qu’une explication “physiologique” pour la prévalence des “folies collectives” qui touche nos sociétés modernes.
Mais les traditions spirituelles seules, pas plus que la science seule, ne peuvent y remédier. Il faut allier les deux. C’est ma conviction. Nous sommes en pleine “spiritualité, science et société”. Selon moi, on ne peut appréhender l’un sans les autres. C’est ce que je propose dans ma formation “respiration tout en UN” et la conférence “Le super-pouvoir de la respiration”.
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Sommes-nous des imposteurs ? Commentaire : Roland Gori – La Fabrique des Imposteurs
Roland Gori, professeur émérite, nous explique l’avènement d’une société de normes et de procédures dans lesquelles, finalement, on demande aux humains de n’être que des imposteurs, des coquilles vides qui ne font que suivre les règles afin de faire bouger une statistique dans la bonne direction.
Partant de son exposé magistral, que je vous encourage vivement à écouter, je vais reboucler sur les thématiques du blog et me poser la question : “suis moi-même un imposteur ?”.
Il décrit plusieurs cas. Par exemple, les chercheurs ne doivent plus “chercher” pour réussir leur carrière, mais publier et être cités dans les bonnes revues, et pour atteindre ce but, il y a des stratégies (il cite le cas d’un archéologue qui découvre 8 dents et qui fait 8 publications, une par dent, mais il y a bien pire). Au départ, ce qui n’était que de simples outils de mesure de performance provoque une course aux stratégies de triches qui se répandent et noient les vraies recherches. L’imposture se généralise et devient une culture, une normalité.
Une nuance : l’imposture en tant que comportement
Pour ma part, j’ajouterais une nuance cruciale à son discours : je préfère parler de comportement d’imposture plutôt que d’imposteurs en tant que personne. C’est ce qui fait que l’imposture peut s’infiltrer progressivement en n’importe qui, par petites touches. J’irai même un peu plus loin. Prenons un exemple : vous mettez en place un politique de radars routiers pour faire baisser les accidents de la route. Mais dans un cas, vous choisissez les endroits où vous savez statistiquement qu’il y a plus d’accidents, et donc le radar est objectivement là pour prévenir. Mais vous pouvez aussi choisir de mettre les radars, non pas là où ils protègent le plus, mais là où ils rapportent le plus, auquel cas, nous avons affaire à une imposture systémique, puisque ça ne rapporte pas à un individu en particulier, mais à une institution. Selon moi, c’est bel et bien ce qui se produit.
Nous parlons tous de la même chose au fond
C’est ce que j’appelle le digitocène : le règne des algorithmes, la domination de la machine, l’homme qui devient lui-même une machine, un zombi philosophique. Il se contente d’exécuter des ordres, peu importe lesquels. D’autres appellent cela l’ordre marchand ou le capitalisme ou le règne de la quantité. Mais peu importe le nom qu’on lui donne, le résultat, c’est que plus personne n’est aux manettes, même les soi-disant dirigeants, car eux aussi sont soumis à la même culture du chiffre (par exemple Macron et Mélenchon utilisent “Nation Builder” pour leurs campagnes).
Tout ceci s’agrège pour créer un malaise collectif global qui prend la forme de la crise du sens, dont parle John Vervaeke. Nous avons perdu le “sens de la vie” au niveau national ou civilisationnel (bien sûr, il y a d’autres pourvoyeurs de substitution), ce qui se traduit par un grand mal-être généralisé qui est caché sous le tapis à grand coup d’antidépresseurs, anxiolytiques, jeux vidéos, porno et autres addictions (les réseaux sociaux pouvant en faire partie).
Roland Gori parle ouvertement de “folie collective” parce que la norme sociale est devenue une aliénation. J’ai déjà abordé ce sujet. C’est pour cela que j’insiste tant sur la “socio-spiritualité” : les pratiques et conceptions spirituelles ne peuvent pas être détachées de la société, sinon, on se condamne à des “contre-sens spirituel“. Si on se contente de voir la spiritualité comme des pratiques d’éveil individuelles, si on croit que méditer va nous “libérer” (de quoi ?), sans tenir compte de la société autour, alors on se condamne à ne pas comprendre la société dans laquelle on vit, et de subir ses influences : par exemple ce système d’imposture généralisée très subtil. Se comprendre soi-même et comprendre le monde ne peuvent être séparés, car nous sommes en relation avec ce dernier.
Selon moi, la spiritualité elle-même peut être réduite à … des procédures, des normes, et in fine une marchandise dans notre société. Je pense que c’est souvent le cas. Je préfère parler de noétique, qui vise justement le mouvement inverse, à réintégrer la spiritualité dans le quotidien, et avec les autres disciplines, dans le contexte de la société.
Noétique = spiritualité + science + société.
Suis-je un imposteur ? et vous ?
Roland Gori dénonce les imposteurs qui deviennent des “entrepreneurs d’eux-mêmes” : peu importe l’entreprise ou ils travaillent, au fond, ils sont là pour leur carrière. Ils s’adapteraient parfaitement à n’importe quelle autre entreprise, ça ne ferait aucune différence, ou si peu. L’imposture se fond dans le décor.
La réponse est loin d’être évidente, je vous assure. Je ne vais pas rentrer dans toutes les nuances, mais l’esquisse que je propose devrait vous faire réfléchir sur votre propre cas.
Il se trouve que je suis moi-même un “entrepreneur de moi-même” (terme utilisé par Roland Gori pour décrire les “imposteurs” qui s’occupent de leur carrière, peu importe la société ou ils atterrissent) en quelque sorte, puisque j’ai mon entreprise personnelle et que je vends des produits et des formations “spirituelles” sur yoga-H24.
D’abord, je pense que personne n’échappe à cette fabrique des imposteurs, et qu’on l’est tous un peu. Je ne suis pas ici pour vendre du rêve du genre “comment ne plus être un imposteur”, “libérez-vous de l’imposture” ou je ne sais quoi. C’est comme ceux qui pensent qu’on peut se libérer des biais cognitifs (ça montre juste qu’ils n’ont pas compris de quoi il s’agit). Pour faire une analogie, on pourrait parler de “biais sociaux“.
Soit. Mais alors, quelle différence ? Serions-nous tous des imposteurs, on ne peut rien y faire, on passe à autre chose ? Non !
La différence ? le longtermisme
La différence, essentiellement, c’est que même si j’ai mon entreprise personnelle, je le fais dans une optique longtermiste et non pas uniquement pour “moi-même”. Je travaille pour que la conscience (en général, humaine ou non) s’épanouisse sur le long terme, ce qui implique une prise en compte des générations futures, de l’écosystème planétaire, de ma personne (puisque c’est à travers elle que je peux agir). C’est en partie pour cela que je ne peux dissocier la spiritualité de la société et la société du cosmos, et que je ne peux dissocier mon esprit de mon corps. Il n’y a que le grand “tout”, le “UN” (d’où le titre du blog).
Longtermisme = épanouissement de la conscience sur le long terme (générations futures + écosystèmes)
Contrairement à l’imposteur qui travaille pour lui-même et uniquement pour lui-même dans n’importe quel domaine et qui peut en changer comme de chemise, si j’ai créé “mon” entreprise, c’est parce qu’elle est le reflet de qui je suis et que si j’en changeais je ne serais plus fidèle à moi-même et à la vision que je défends. Je pourrais travailler dans une entreprise à condition que je partage avec elle cette vision longtermiste, mais c’est assez rare de nos jours.
Ceci dit, même si je n’ai pas un patron au sens strict, j’ai quand même des pseudo-patrons (google, meta, amazon et l’état) qui m’imposent, eux aussi, des procédures et règles que je dois suivre. Il y a des règles pour réussir sur le net, dans l’économie de l’attention. C’est pour cela, pour ne pas m’enfermer totalement dans ces règles, que je prends soin d’équilibrer mon activité en ligne avec du “réel”, des gens, des forêts, des fêtes.
Au final, c’est à vous de juger si vous estimez que je suis un imposteur ou non et dans quelle mesure.
Un autre yoga – moins procédurier
Ceci dit, je peux vous dire qu’en matière de yoga, je les connais les procédures. Étant diplômé Sivananda, c’est précisément ainsi que l’on m’y a enseigné le yoga. Je n’y avais jamais vraiment songé sous cet angle, et je ne souhaite pas dénigrer cette école qui est quand même de qualité. Mais elle peut produire des coquilles vides, je vous le certifie. J’aurais pu avoir zéro expérience du vide mental ou des siddhis ou de quoi que ce soit de yogique que ça aurait été pareil si j’étais capable de retenir les procédures, les formes, les chants, les textes que l’on m’enseignait.
Ce que je propose sur ce blog et sur mon site commercial ne sort pas d’un moule tout fait. Ça a bien sûr des inconvénients puisque ces “procédures” servent à quelque chose, elles donnent un cadre, elles sécurisent. Mais si vous voulez sortir du bac à sable…
Le webinaire “Respiration tout-en-un” par exemple ne propose pas un simple exercice. C’est une porte vers une nouvelle manière de respirer dans la vie de tous les jours. Il s’agit d’unifier plusieurs pratiques en une et d’unifier la pratique avec votre vie. Dans le livre “Quantalia“, il ne s’agit pas d’une simple enquête sur le paranormal ou la magie, mais d’une nouvelle manière de voir le monde. Dans “Yoga H24” j’explique comment “unifier” des pratiques spirituelles avec notre quotidien. Tout ce que je propose découle de ce même état d’esprit qui vise à réunifier différents aspects de la vie.
Je compte d’ailleurs faire un article sur cette question : la société nous pousse à devenir hyper-spécialiste d’un domaine et je pense qu’il faut prendre garde à ce que ça induit sur nous.
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Quel est le sens de la vie ?
Petit post sans prétention où je rassemble mes idées sur le sujet. Aborder la question sous cet angle permet de clarifier les liens spiritualité-société puisque le sens de la vie est une question hautement spirituelle. Comme nous allons le voir, c’est une question éminemment sociale aussi.
Je soutiens l’idée que la fabrique sociale du sens est en train de subir une mutation profonde, qui provoque beaucoup de confusion.
Le sens de la vie est un peu la clé de voute de notre architecture cognitive, c’est une méta-heuristique, une heuristique qui permet de fabriquer d’autres heuristiques. Sans lui, nous ne pourrions tout simplement pas prendre de décision. Il sert aussi à combler les trous de notre ignorance au sens large (qui peut se décomposer en deux : ce que l’on sait qu’on ignore, et ce que l’on ignore qu’on ignore).
Est-ce que le sens de la vie peut se limiter à la survie immédiate ? Dans l’absolu, oui, dans certaines situations, on n’a pas le temps de se poser des questions philosophiques. Le sens de la vie est donc “flexible”, il doit pouvoir être réduit à sa plus simple expression, mais de toute évidence, il peut être bien plus. Faut-il qu’il soit le plus vaste possible ? peut-il être trop grand ? Vaste question ! Mais disons qu’en général, nous nous contentons d’un sens de la vie qui nous convient bien, que nous avons adopté, avec lequel nous sommes familiers.
Cela étant posé, d’où viennent les sens de la vie ? D’une manière générale, je pense que le sens de la vie revient à trouver sa place dans la société et la place de la société dans le “cosmos”. Comme nous sommes des animaux sociaux et chez lesquels l’éducation joue un grand rôle, la situation la plus simple est de prendre le sens de la vie transmis par nos parents, qui eux même le tiennent des leurs, et qui est secrété par la société dans laquelle ils vivent.
De toute évidence, les religions sont les premiers et grands pourvoyeurs de sens de la vie. Elles ont permis l’organisation de grandes sociétés, de civilisations. Mais avec la sécularisation de certaines sociétés, elles sont tombées au moins partiellement en désuétudes même si elles restent influentes. Les philosophes ont fourni des réponses alternatives. Camus, Nietzsche, Sartes, Frankl, Sénèque et d’autres proposent des réponses. En occident, à notre époque, c’est l’humanisme qui s’est imposé et qui structure nos sociétés et leurs institutions. L’humanisme centre le sens de la vie sur l’épanouissement de l’humain. Contrairement aux religions qui se basent sur des mythes ou des révélations, l’humanisme se base sur la raison. C’est l’état qui devient le pourvoyeur de sens.
Mais l’humanisme lui-même n’est pas la fin de l’histoire. Nous assistons (je ne le démontre pas ici, mais je pense que chacun peut en avoir une vague intuition) à l’émergence d’une “lassitude” dirons-nous vis-à-vis des états. Ils ne répondent plus, en tant que pourvoyeurs de sens, à leur époque. Je soutiens que quelque chose d’autre va devoir naître et que cette chose est déjà là en embryon.
Nous pourrions soutenir que sans les religions et les états, alors qu’à cela ne tienne, c’est à l’individu lui-même de se créer son propre sens. C’est une possibilité, mais selon moi, elle ne peut pas fonctionner à long-terme pour deux raisons. D’abord, l’individu-ALISME n’est qu’un sous-produit de l’état moderne, il est paradoxalement un phénomène social. Il n’est possible que dans une société d’abondance et de sécurité qui est justement l’émanation d’un état moderne. Il y a donc un paradoxe à penser que cet état va maintenir cette prospérité sans maintenir ce qui le sous-tend, sa philosophie humaniste, le sens de la vie qu’il donne aux hommes qui le composent. D’autre part, si chacun avait son petit sens à lui, même si ce sens est universel, cosmique, ou même qu’il englobe des multiverses, donc, même si ce petit sens est gigantesque, il reste individuel : comment vous coopérez avec la personne en face de vous si ne connaissez pas ses valeurs, sa morale ? C’est très compliqué, c’est sous-optimal, ça ne durera pas parce que dans la compétition darwinienne pour la survie ou pour l’économie, ceux qui partageront un sens de la vie commun seront plus efficaces que vous.
Il suffit d’observer certains milieux politiques que je ne nommerais pas, mais qui sont très individualistes et qui essayent de créer des utopies : elles échouent quasiment toutes parce qu’ils n’ont aucun moyen efficace de régler les conflits internes qui ne manquent pas d’éclater. Ce qui est censé être des nouveaux paradis se transforment en enfer, car il n’y a pas de règles communes et que les conflits d’ego n’en finissent plus. Il n’y a pas de règles communes parce qu’il n’y a pas de sens de la vie commun, même si tout le monde s’accorde sur un minimum de non-violence. Ces utopies serviront peut-être de creusé pour faire émerger, à terme, de nouveaux sens de la vie qui permettront de faire du commun ou bien, elles resteront comme des tentatives ratées ou des contre-exemples. Je ne sais pas.
Mais alors, qui seront les prochains grands pourvoyeurs du digitocène ? Les religions s’appuyaient sur des mythes. Les états sur des idéaux (humanistes). Au digitocène, quand tout n’est que quantité, algorithme, procédure, mesure, statistique, c’est difficile de faire rêver avec ça. Est-ce que c’est la fin du sens de la vie ? Va-t-on devenir des zombis aux services des machines ? Est-ce qu’elles nous feront littéralement rêver dans des jeux virtuels toujours plus réalistes pour compenser ou bien nous emprisonneront-elles dans la Matrix ?
Laissons ces peurs pas totalement injustifiées de côté, et cherchons comme des Sherlock Holmes les petits détails qui trahissent les évolutions futures. Je vois deux nouveaux acteurs comme futurs pourvoyeurs de sens pour les gens : les multinationales et les ONG (que je vais nommer megacorp par la suite). C’est déjà ce qu’elles sont plus ou moins obligé de faire pour motiver leurs employés, pour attirer et conserver les talents. La fameuse “culture d’entreprise” qui peut sembler si étrange et dystopique pour qui a déjà un sens de la vie, s’il est religieux ou engagé en politique.
Je pressens que les états vont être amenés à subir le même processus que les religions, ils vont se “séculariser” eux aussi en quelque sorte, perdre de leur influence. À l’heure où les états et leur administration pléthorique n’ont jamais été aussi forts et intrusif, à l’heure où la technologie permet une ingénierie sociale comme jamais auparavant, mon propos peut paraître paradoxal, voire inepte. Mais je pense au contraire qu’il s’agit d’une “crispation” qui précède la “mutation”. En a-t-il été autrement avec les religions instituées ? N’ont-elles pas essayé par tous les moyens, jusqu’à l’absurde, de conserver leur pouvoir ? Je pense que nous en sommes à ce stade, peu de temps avant la chute finale (qui viendra par le biais de la dette publique selon moi). Je pense que l’Union Européenne est une tentative de mutation orchestrée, mais pas très concluante, en tout cas de mon point de vue.
De toute évidence, nous sommes en train d’explorer un narratif qui explique la crise du sens qui gangrène nos sociétés modernes.
En un sens, cela peut sembler horrible de laisser la fabrique du sens à des entités commerciales (les ONG sont-elles vraiment différentes des multinationales ?) mais d’un certain point de vue cela va permettre aux individus que nous sommes une plus grande liberté de choix au fond. Comment est-ce que les religions, les états et les mégacorps vont coexister ? Je n’en ai aucune idée pour l’instant. En préambule, j’évoquais la place de l’individu dans la société et la place de la société dans le cosmos. J’ai envie de dire, même si je ne suis loin d’être un fan des megacorps, qu’elles pourraient fournir un sens plus riche que la simple survie que les états-nations s’étaient assignés comme place dans le cosmos.
Il se peut aussi que d’autres “pourvoyeurs” émergent. On peut déjà observer dans nos sociétés d’autres manières de fabriquer du sens à travers des communautés. Mais dans quelle mesure est-ce un sous-produit des réseaux sociaux et donc des megacorps ou à l’inverse d’un désir de proximité physique ? Dans quelle mesure la fin de la barrière de la langue va impacter cette fabrique de sens en permettant l’émergence de nouvelle conscience mondiale ? Dans quelle mesure les menaces existentielles vont façonner ce sens ?
Je ne sais pas. Mais les megacorps me semble être un acteur majeur dans l’obsolescence de l’humanisme et du changement de la fabrique collective du sens.
Vous avez une analyse différente ? Dite le, en commentaire.
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Qu’est-ce que le post-humanisme ?
C’est une traduction d’un texte (je ne connais pas l’auteur) qui a le mérite de mettre les choses au clair sur le post-humanisme. Mais qu’est-ce que le post-humanisme me direz-vous ? C’est l’enjeu de la guerre philosophique qui agite l’occident actuellement. C’est une manifestation des “lumières 2.0”. Une idéologie nouvelle est en train de naître, une révolution équivalent à celle des lumières qui débouchera à terme sur un nouveau régime politique, comme le fût la révolution française en son temps. Si vous ne voulez pas rester sur le banc de touche, vous devez vous y intéresser. Le post-humanisme va structurer le digitocène. C’est “là” que le futur se prépare.
Premièrement, nous voulons donner une définition concise du post-humanisme (PH). Le post-humanisme est une approche philosophique qui cherche à repenser la notion traditionnelle du concept d’humanité et la relation entre les humains et le monde qui nous entoure. C’est une tentative d’aller au-delà des limites de l’humanisme et du pré-humanisme traditionnels et d’embrasser une perspective plus large qui englobe toutes les entités de l’univers.
Pour fournir plus de détails, nous définissons PH comme l’unification des principes suivants :
- Ontologie plate : Ce principe postule que toutes les entités ont un statut ontologique égal. En d’autres termes, il rejette la notion d’une structure hiérarchique où certaines entités sont jugées plus précieuses ou importantes que d’autres.
- Post-structuralisme : Ce principe reconnaît que toutes les entités sont déterminées par des structures qui évoluent constamment dans le temps. Ces structures peuvent inclure la langue, la société, la politique, la génétique, la biochimie, etc. Le post-structuralisme met l’accent sur l’importance de comprendre ces structures et leur impact sur le monde qui nous entoure.
- Décentrage du sujet : Ce principe considère le sujet (c’est-à-dire l’individu) comme étant aussi déterminé par des facteurs externes que n’importe quelle autre entité dans l’univers. Bien que cela ne signifie pas que le sujet n’a aucune liberté, cela suggère que nos actions et nos choix sont influencés par des facteurs indépendants de notre volonté.
Avant d’entrer dans les détails historiques et une exploration plus approfondie des motivations du post-humanisme (PH), nous aborderons les idées fausses courantes.
Erreur commune
- « PH est anti-humanisme ; il est mal à l’aise avec l’irrationalité humaine et cherche donc à l’ignorer au profit d’abstractions » – C’est une idée fausse courante sur le post-humanisme. Ce n’est pas un anti-humanisme ou allié à une philosophie généralement négativiste. Au lieu de cela, le post-humanisme cherche à générer une perspective holistique qui inclut toutes les entités de l’univers, y compris les humains.
- “PH est le transhumanisme, il veut remplacer et dévaloriser tous les humains” – Le post-humanisme n’est pas le transhumanisme. Le transhumanisme est une déclinaison technocratique de l’Uebermensch nietzschéen, qui vise à générer des « surhumains ». En revanche, le post-humanisme ne cherche pas à générer des versions supérieures des organismes mais plutôt à considérer tous les organismes et entités au même niveau.
- “PH rend l’éthique impossible, car si tout a une valeur égale, alors nous ne pouvons pas prendre de décisions que le bon sens dicterait nécessaires, par exemple, sauver un bébé plutôt qu’un ordinateur ou un chat” – C’est une préoccupation commune au sujet du post-humanisme, mais ce n’est pas exact. PH reconnaît pleinement le bon sens et la moralité. En fait, cela peut élargir l’éthique en offrant une vision plus nuancée de la réalité qui s’efforce d’éviter autant que possible l’altérité. PH vise à comprendre toutes les entités comme participant à l’ontologie plate du « processus mondial ».
Par conséquent, en développant l’empathie pour le cosmos tout entier, nous pouvons acquérir une perspective plus large. L’un des principes de l’éthique de PH est de s’efforcer de comprendre le côté opposé et d’intégrer toutes les variations de l’expérience. Cela rend l’éthique de PH similaire à la notion kantienne d’un « royaume des fins ».
Le « royaume des fins » kantien fait référence à l’idée que nous devrions traiter les gens comme des fins en soi plutôt que comme des moyens d’atteindre une fin. En d’autres termes, nous ne devons pas utiliser les autres pour atteindre nos propres objectifs ou désirs. Au lieu de cela, nous devrions traiter les autres avec respect et les valoriser en tant qu’individus qui ont leurs propres objectifs et désirs.
De même, l’éthique de PH cherche à étendre ce principe à tous les êtres existants, reconnaissant que chaque entité est un individu à part entière et digne de respect. Cela ne signifie pas négliger les individus humains ou abandonner l’éthique humaine, mais plutôt reconnaître que nos actions ont un impact sur l’ensemble du cosmos et s’efforcer de comprendre et d’intégrer toutes les variations de l’expérience.
Le but de l’éthique PH est la connexion, pas la destruction de l’éthique humaine ou du bon sens. Il s’agit de créer de l’empathie pour l’ensemble du cosmos et d’acquérir une perspective plus large, tout en reconnaissant la valeur et la valeur uniques de chaque être individuel.
Histoire
Le post-humanisme est apparu comme un cadre philosophique pertinent en réponse aux limites de l’humanisme et du pré-humanisme traditionnels. Pour comprendre son évolution historique et ses motivations, nous pouvons examiner une séquence de stations et d’idées clés de la philosophie qui ont conduit au développement du post-humanisme. Ce faisant, nous pouvons mieux comprendre pourquoi le post-humanisme a évolué et comment il cherche à contribuer au discours philosophique contemporain.
Le post-humanisme ne nie pas les idées antérieures mais les intègre plutôt dans une perspective plus large qui inclut toutes les entités de l’univers. Cette approche intégrative reconnaît l’importance de comprendre les structures qui façonnent notre monde et notre relation avec lui. Ainsi la traversée et le respect de l’analyse historique font partie intégrante de l’éthique de la PH.
Pré-humanisme
L’Allégorie de la Caverne de Platon est une métaphore philosophique qui illustre la différence entre l’apparence et la réalité. Dans l’allégorie, les gens sont enchaînés dans une grotte et ne peuvent voir que des ombres sur un mur créées par des objets passant devant un feu. Les gens croient que ces ombres sont la réalité jusqu’à ce que l’une d’elles soit libérée et voie la vraie nature du monde à l’extérieur de la grotte, symbolisée par le Soleil. Cette métaphore est importante pour le pré-humanisme car elle suggère qu’il existe une différence entre la façon dont les choses semblent être et la façon dont elles sont vraiment.
L’allégorie de Platon de la caverne illustre le concept du « royaume au-delà » éternel et immuable à travers le symbole du Soleil à l’extérieur de la caverne. Ce symbole représente l’extériorité mystique inhérente à la philosophie pré-humaniste. Le Soleil représente un niveau de conscience supérieur qui existe au-delà de la perspective limitée de ceux qui sont piégés dans la grotte, et il nous invite à explorer les mystères de l’univers et à transcender les limites de notre existence physique. Le Soleil joue donc un rôle crucial dans la formation de la vision du monde pré-humaniste, car il représente une source d’inspiration et un guide pour ceux qui cherchent à percer les secrets de l’univers.
Pré-humanisme : concepts clés
- Formes platoniciennes : La philosophie de Platon soutenait que le monde matériel n’est qu’un simple reflet d’un domaine supérieur et abstrait de formes, qui sont éternelles et immuables. Il croyait que la vraie connaissance et la sagesse ne pouvaient être atteintes qu’en contemplant ces Formes. Ce point de vue a souligné l’importance de la raison et de l’abstraction, et il a jeté les bases du développement du rationalisme qui a caractérisé une grande partie de la philosophie occidentale au cours des siècles suivants.
- L’animisme comme prise pour acquise : l’animisme est un système de croyance qui attribue des âmes ou des esprits à tous les êtres vivants, ainsi qu’aux objets inanimés comme les rochers ou les arbres. Il suppose que tout dans le monde a une expérience subjective d’une certaine sorte, et cette expérience est souvent tenue pour acquise. Ce point de vue a souvent joué un rôle important dans la formation des religions pré-rationnelles et a contribué à un sentiment de mystère et de crainte envers le monde naturel.
- Le royaume extérieur éternel et les forces mystiques “au-delà” sont considérés comme dominant les êtres humains : de nombreux systèmes religieux et philosophiques prémodernes soutenaient qu’il existait un royaume extérieur et mystique au-delà du monde physique qui exerçait une influence significative sur les affaires humaines. Ce point de vue postulait que les humains étaient à la merci de ces puissances supérieures et que leurs vies étaient souvent façonnées par des forces qu’ils ne pouvaient ni contrôler ni comprendre.
- Les êtres humains comme jouets des dieux : Dans certaines traditions religieuses, les humains étaient considérés comme de simples pions dans les luttes cosmiques des dieux. Les dieux étaient souvent capricieux et arbitraires dans leurs actions, et les humains étaient souvent victimes de leurs caprices. Ce point de vue soulignait l’impuissance des êtres humains et contribuait à une vision du monde fataliste.
Humanisme
L’Homme de Vitruve de Léonard de Vinci est un dessin célèbre qui représente une figure masculine dans deux positions superposées avec les bras et les jambes tendus. Le dessin porte le nom de l’architecte romain Vitruve et est souvent considéré comme un symbole de l’humanisme, un mouvement intellectuel et culturel qui a émergé pendant la Renaissance en Europe.
L’idée derrière le dessin est que le corps humain peut être considéré comme une incarnation parfaite des principes de proportion et de symétrie, qui sont considérés comme les qualités fondamentales de la beauté et de la perfection. Le dessin de Da Vinci est souvent cité comme un exemple de la façon dont l’humanisme célèbre l’individu et le potentiel de réalisation humaine.
De plus, l’idée que « l’homme est la mesure de toutes choses » est étroitement associée à l’humanisme et à l’homme de Vitruve. Cette phrase, qui provient du philosophe grec Protagoras, affirme que chaque individu est le meilleur juge de ce qui est bien ou mal pour lui-même, et qu’il n’y a pas de vérités ou de normes absolues qui peuvent être appliquées universellement.
Dans le contexte de l’humanisme, cette idée célèbre l’importance de la liberté individuelle, de la créativité et de la pensée critique. Cela suggère que les humains ont la capacité de façonner leur propre destin et que leur potentiel de croissance et de réussite est illimité. L’Homme de Vitruve, qui met l’accent sur la beauté et la proportion de la forme humaine, capture cet esprit d’humanisme et l’idée que l’homme est la mesure de toutes choses.
Humanisme : Concepts clés
- La révolution copernicienne est emblématique du premier décentrement de l’humanité : La révolution copernicienne a marqué un changement majeur dans la façon dont les humains appréhendaient leur place dans l’univers. Avant Copernic, l’opinion dominante soutenait que la Terre était le centre du cosmos. Le modèle de Copernic, qui plaçait le soleil au centre du système solaire, remettait en question cette vision et obligeait les humains à repenser leur relation au monde naturel. Cela a déstabilisé la compréhension de l’objectivité de l’humanité , puisqu’il a démantelé l’idée d’un univers simple et mécaniste qui tourne autour d’eux ; au contraire, les forces s’étaient élargies et devenaient plus opaques, ce qui provoquait une frustration interne vis-à-vis du dogme traditionnel.
- La révolution copernicienne se produit aussi en philosophie : Kant génère un nouveau subjectivisme et sépare les humains de l’objectivité : on attribue souvent à Emmanuel Kant l’introduction d’un nouveau subjectivisme dans la philosophie. Il soutenait que les humains ne peuvent connaître les choses que telles qu’elles leur apparaissent, et non telles qu’elles sont en elles-mêmes. Ce point de vue a conduit beaucoup à croire que l’objectivité était désormais impossible, car nous ne pouvons jamais comprendre pleinement la vraie nature de la réalité. Au lieu de cela, Kant a souligné l’importance de l’expérience subjective et le rôle de l’esprit humain dans la formation de nos perceptions du monde. Alors que Kant lui-même avait l’intention de conserver une objectivité rationaliste, son projet ouvrait en fait des vannes vers des subjectivismes et un irrationalisme plus intenses en philosophie.
- L’être humain est considéré comme « la mesure de toutes choses » : l’humanisme met l’accent sur la valeur et le potentiel de l’être humain. Il soutient que les êtres humains sont la mesure de toutes choses et qu’ils sont capables de créer des vies significatives pour eux-mêmes par leurs propres actions et décisions. Ce point de vue a contribué à détourner l’attention de la philosophie et de la société d’une préoccupation
- Autorité religieuse ou divine comme source de sens et de valeur. Au lieu de cela, l’humanisme met l’accent sur l’importance de l’action et de la liberté individuelles, ainsi que sur la nécessité de prendre en compte le bien-être humain dans la poursuite de la connaissance et du progrès.
- Déclin du pouvoir de l’église : L’humanisme a également joué un rôle important dans le déclin du pouvoir de l’église. Au cours de la Renaissance, les humanistes ont commencé à contester l’autorité religieuse de l’Église catholique, promouvant la pensée critique et la remise en question des croyances traditionnelles. Cela a conduit au développement de nouvelles idées scientifiques et philosophiques qui ont défié les enseignements de l’église et sapé son pouvoir.
- Montée du rationalisme, positivisme : L’humanisme a contribué à la montée du rationalisme et du positivisme, qui ont souligné l’importance des preuves empiriques et du raisonnement logique dans la poursuite de la connaissance. Le rationalisme soutient que la raison est la principale source de connaissance et que la vérité peut être découverte par l’analyse logique. Le positivisme, quant à lui, met l’accent sur l’importance des preuves empiriques et de l’observation dans le développement des théories scientifiques.
Post-Humanisme
Dans l’introduction des « Mille plateaux » de Deleuze et Guattari, les auteurs couplent leur texte avec une image de notes chaotiques éparpillées sur la page. Cette image est emblématique du message global du livre, à savoir que la conscience humaine et l’interaction organique sont intrinsèquement imprévisibles et ne peuvent être réduites à un seul cadre explicatif.
En juxtaposant le texte à cette image, Deleuze et Guattari suggèrent que les idées explorées dans le livre ne sont pas censées être linéaires ou ordonnées, mais représentent plutôt une série de « plateaux » interconnectés et imprévisibles. Cette approche reflète le rejet par les auteurs des formes traditionnelles d’enquête philosophique qui tentent de réduire les systèmes complexes à des explications simples ou à des catégories fixes.
De plus, l’image de notes éparpillées souligne également l’intérêt des auteurs à explorer les aspects créatifs et improvisés de la conscience et de l’interaction humaines. Plutôt que de considérer ces phénomènes comme fixes ou prédéterminés, Deleuze et Guattari suggèrent qu’ils sont en constante évolution et ouverts à de nouvelles possibilités.
Post-humanisme : concepts clés
- Déception du projet positiviste : Le positivisme est une approche philosophique qui affirme que la connaissance doit être basée sur des faits observables et mesurables, plutôt que sur l’intuition ou l’expérience subjective. PH a émergé en réponse aux limites du positivisme, qui ne tenait pas compte de la complexité et de l’imprévisibilité du monde.
- Le théorème d’incomplétude de Goedel perce le positivisme : Le théorème d’incomplétude de Goedel est une preuve mathématique qui a montré qu’aucun système logique ne peut être à la fois complet et cohérent. Cela remettait en question la notion positiviste selon laquelle la connaissance pouvait être réduite à un ensemble de règles formelles ou d’axiomes.
- Tournant linguistique en philosophie : PH se caractérise par un tournant linguistique en philosophie, qui soutient que le langage n’est pas simplement un outil pour transmettre du sens, mais qu’il façonne notre compréhension de la réalité elle-même.
- Le structuralisme linguistique postule que les êtres humains ne sont pas le centre de toutes choses, mais plutôt que nous sommes motivés par des facteurs externes : Le structuralisme linguistique est une approche philosophique qui met l’accent sur le rôle du langage dans la formation de l’expérience humaine. Il soutient que les structures de la langue et de la culture façonnent nos perceptions et nos comportements, et que les êtres humains ne sont pas les agents autonomes que nous nous imaginons souvent être.
- par exemple , le marxisme place le capital comme force motrice : Le marxisme est une théorie socio-économique qui postule que les facteurs économiques, en particulier la propriété et la distribution du capital, sont les principaux moteurs du changement social.
- Le post-structuralisme va plus loin et dit que les structures ne déterminent pas seulement le sujet, mais qu’elles sont aussi chaotiques et en constante évolution : Le post-structuralisme est une approche philosophique qui a émergé dans les années 1960 et 1970. Il met l’accent sur l’instabilité et la complexité de la langue et de la culture et soutient que le sens est constamment produit et reproduit par l’interaction sociale.
- La psychanalyse post-structuraliste décentre le sujet , en se concentrant sur le travail du « signifiant » et du langage plutôt que sur l’action intentionnelle : La psychanalyse post-structuraliste remet en cause l’idée que l’être humain est un individu autodéterminé. Il met l’accent sur le rôle de la langue et de la culture dans la formation de nos désirs, de nos croyances et de nos comportements.
- Preuve de la neuroscience que le libre arbitre est illusoire : La neuroscience a fourni la preuve que nos actions sont largement déterminées par des processus inconscients dans le cerveau, plutôt que par un choix conscient.
- Phase « post-moderne » générale dans laquelle les êtres humains se sont à nouveau décentrés ; mais contrairement au pré-modernisme, il n’y a pas de simple « royaume des formes au-delà » : le post-modernisme est un mouvement culturel et philosophique qui a émergé à la fin du XXe siècle. Il rejette l’idée qu’il existe une réalité unique et objective qui peut être connue par la raison ou la science, et met plutôt l’accent sur la diversité de l’expérience humaine et sur le rôle de la langue et de la culture dans la formation de la réalité.
- La motivation pour PH est donc : d’éviter les politiques réactionnaires qui cherchent à revenir au dogme pré-humaniste ou au rationalisme humaniste ; veulent aller au-delà du simple positivisme ou du fascisme. PH pas contre les humains mais plutôt visant à donner une perspective holistique, dans un monde complexe gouverné par la probabilité et le chaos (cf. Mécanique Quantique, Théorie de la Relativité etc.)
- Monde aujourd’hui très complexe; les modèles post-humanistes holistiques cherchent à analyser les systèmes sous tous les angles, pas seulement d’un point de vue humain : le post-humanisme cherche à développer une compréhension plus nuancée et complexe du monde, qui prend en compte l’interdépendance de toutes choses.
- L’analyse multiperspective ne vise pas à dévaloriser les humains mais à aider à améliorer les modèles humains en étant plus conscients de l’ interdépendance de toutes choses : le post-humanisme ne cherche pas à diminuer la valeur des êtres humains, mais plutôt à offrir une perspective plus holistique qui reconnaît la complexité et l’interdépendance de toutes choses. Cette approche reconnaît que les êtres humains ne sont pas le centre de l’univers et que notre compréhension de la réalité est façonnée par de nombreux facteurs externes.
- Rhizomatique deleuzienne : La philosophie de Deleuze met l’accent sur l’importance de la complexité et de la non-linéarité dans la compréhension du monde. Son concept de rhizomatique décrit une façon de penser qui rejette les structures hiérarchiques au profit des réseaux interconnectés. Le rhizome est une métaphore d’une structure horizontale non linéaire qui permet de multiples connexions et voies, plutôt qu’une hiérarchie verticale singulière. Cette façon de penser permet une compréhension plus holistique des systèmes et de leur interdépendance.
- Organisme Whiteheadian : La philosophie de Whitehead est centrée sur le concept d’organisme. Il soutient que tout dans l’univers, y compris les objets inanimés, peut être compris comme un organisme. Cela signifie que tout est constamment en train de devenir et que tout est interconnecté. L’ontologie de Whitehead met l’accent sur l’importance de comprendre le monde comme un processus dynamique et évolutif plutôt que comme des objets statiques. Cette perspective permet une compréhension plus holistique des systèmes et de leur interdépendance.
Résumé
- PH est souvent mal compris comme étant anti-humain ou transhumain, mais ce n’est pas le cas.
- Les principes fondamentaux de PH incluent une ontologie plate, le post-structuralisme et le décentrement subjectif.
- L’interconnexion et le chaos sont mis en avant dans PH.
- PH a une évolution historique qui comprend le pré-modernisme, le modernisme et le post-modernisme.
- Le pré-humanisme s’est concentré sur un au-delà mystique symbolisé par le Soleil.
- Le modernisme a célébré l’humain comme la mesure de toutes choses.
- Le post-humanisme a décentré le sujet en élargissant les horizons pour inclure la pensée systémique chaotique et complexe.
- PH cherche à intégrer ces diverses traditions philosophiques et à les intégrer dans le discours contemporain.
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Je sais ce qu’est un garçon : je le reconnais quand j’en vois un
Actuellement, la zététique française est fracturée. Je ne vais pas faire l’historique ici. Je vais simplement me concentrer sur une question ou plutôt une affirmation qui, je trouve, résume bien le clivage : “je ne sais pas ce qu’est un garçon“.
L’affirmation semblera ridicule à certains et sonnera comme une révélation pour d’autres. Mais en fait, c’est une question qui se pose pour beaucoup de mots. Faisons l’exercice avec le mot “table” vous allez voir…
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