On pourrait être tenté de croire que c’est en période d’incertitude qu’on a le plus besoin de « prédictions », de « directions », « d’oracles ». Ça rassure, moi le premier. Je réalise que c’est peut-être une erreur.
Après des années de prospectivisme, je crois qu’il est temps pour un changement radical : ce n’est plus le temps de la prédiction, mais celui de la proposition. Laissez-moi vous expliquer.
Imprévisible
Évidement, je fais référence à la situation mondiale. Vous la connaissez tous, on a tous notre opinion sur ce qui se passe, et comment tout ça va mal finir.
Cela fait des années que j’analyse la société et que, étudiant les tendances de fond, je fais de la prospective. Je ne m’en sortais pas trop mal, de mon point de vue du moins (avec quelques bourdes aussi bien sûr). Ceci dit, depuis quelque temps, j’ai de plus en plus de mal à y voir clair. Au début, je pensais que c’était parce que mes grilles de lectures devenaient trop complexes avec le temps ou alors qu’il fallait juste attendre que les choses arrivent à leur terme. J’allais en rester là : « (prévoir) le futur, c’est maintenant du passé pour moi ».
En changeant de point de vue, tout est devenu plus clair. Il y a des périodes de l’histoire qui sont « stables » (on parle de fenêtres d’ordre dans l’espace des phases en théorie du chaos). Il ne sert à rien d’essayer de changer les choses durant ces périodes, car les forces stabilisatrices sont trop grandes. En gros, la société fonctionne (sans être parfaite pour autant) telle qu’elle est, son homéostasie est assurée. La changer serait trop risqué. Si vous essayez, personne ne vous écoutera de toute manière.
Mais, comme toute chose, elle contient en elle les germes de sa propre fin.
Le début de la fin
J’estime que nous en sommes au « début de la fin ». Il ne sert plus à rien d’essayer d’anticiper la suite, nous avons changé de régime. Maintenant, le chaos s’est installé, il va devoir faire son œuvre. Le monde que nous connaissons va disparaître. Comment, quand et pourquoi ? on y reviendra dans de futurs articles. Mais nous y sommes.
Quelque chose d’autre va remplacer le système actuel. Un peu comme quand le régime féodal a pris fin pour être remplacé par la république et la démocratie. Il y aura un climax, un moment pivot ou s’ouvrira une fenêtre d’opportunité. Je dirais intuitivement d’ici 10 à 30 ans, vu l’inertie. Pendant l’ouverture de cette fenêtre, il faudra changer les choses, pour le meilleur ou pour le pire.
Un nouvel équilibre sera institué, un nouveau « contrat social ». À l’inverse des temps de stabilité où on ne peut que modifier à la marge ou simplement « profiter », ça ne sert plus à rien désormais, il faut tout simplement « proposer » autre chose, être moteur du futur changement.
Mais proposer quoi au juste ?
Le projet de la « socio-spiritualité » qui allie systémique et spiritualité peut servir pour réfléchir à une organisation sociale plus « sage », qui soit en accord avec la connaissance scientifique actuelle, mais aussi avec le meilleur des traditions antiques.
Donc, là, en ce moment, l’histoire va bientôt faire un « appel d’offre » en quelque sorte. C’est une gageure évidement. Elle va sélectionner les meilleurs projets parmi ceux qui en proposent un. Le futur est ouvert, ça n’a plus de sens de le prédire, il faut le construire. Cependant, il faut bien comprendre que certaines choses seront modifiables et d’autres non. C’est important de bien comprendre cette nuance et de ne pas perdre de temps et d’énergie sur des lubies.
Je ne suis personne, et probablement vous non plus. Mais que cela ne soit pas un frein, car en période de chaos, c’est l’effet papillon qui prévaut. La plus petite idée, si elle est valable, trouvera son chemin si son heure est venue.
Le temps de la créativité est venu.
Vous avez une analyse différente ? Dite le, en commentaire.